Le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, invite le secteur privé à prendre la relève des gouvernements pour soutenir la fragile reprise économique au pays.

Ce faisant, M. Flaherty écarte l'idée qu'Ottawa pige de nouveau dans ses coffres déjà dégarnis pour financer d'autres mesures destinées à alimenter la croissance de l'économie.

En conférence de presse, hier, à Kitchener, le ministre des Finances a affirmé que le gouvernement fédéral ne pouvait se permettre d'enregistrer indéfiniment des déficits. Le plan de relance de quelque 40 milliards de dollars, annoncé en mars 2009, prendra donc fin comme prévu le 31 mars 2011.

Pas question, donc, d'emboîter le pas à l'administration de Barack Obama qui a annoncé plus tôt cette semaine de nouvelles mesures de relance totalisant 50 milliards US devant la faiblesse de la reprise américaine.

«Nous avons connu une forte croissance de l'économie au dernier trimestre de 2009 et au premier trimestre de cette année. Depuis, la croissance est plus modérée. Mais l'économie continue de croître quand même. Nous continuons de mettre en oeuvre notre plan d'action économique. Il fonctionne. Nous avons réussi à récupérer les emplois perdus durant la récession, contrairement aux États-Unis», a affirmé M. Flaherty.

«Il y a un secteur privé très important au Canada. Le moteur de croissance au pays n'est pas le gouvernement, mais bien le secteur privé. Le secteur privé doit commencer à investir plus. Les entreprises ont recommencé à faire des profits. Elles ont de l'argent. Elles doivent investir pour créer encore plus d'emplois au Canada», a ajouté le ministre.

Le ministre a tenu à rappeler que tout plan de relance doit comporter une stratégie de sortie pour éviter de plonger le gouvernement fédéral dans une spirale de déficits structurels.

«Nous avons une stratégie de sortie. Tous les pays du G20 sont tombés d'accord pour stimuler leur économie respective. Mais nous devons aussi avoir une plus forte demande du secteur privé. On ne peut pas continuer indéfiniment à stimuler l'économie avec l'argent des gouvernements. Cela va finir par créer des déficits permanents à long terme. Et cela n'est bon pour personne», a affirmé le grand argentier.

Lutte au déficit

M. Flaherty a affirmé que le gouvernement canadien avait aussi créé des conditions idéales pour le secteur privé pour investir et créer des emplois en réduisant notamment le fardeau fiscal des entreprises, en gelant les cotisations à l'assurance-emploi pendant deux ans et en abolissant les tarifs douaniers applicables à l'achat d'équipement manufacturier.

Il a précisé que la priorité du gouvernement Harper au cours des prochains exercices financiers est de prendre les mesures qui s'imposent pour éliminer le déficit d'ici 2014.

Dans son dernier budget, le ministre prévoyait un déficit de 49,2 milliards de dollars en 2010-2011, de 27,6 milliards en 2011-2012, de 17,5milliards en 2012-2013, de 8,5milliards en 2013-2014 et de 1,8 milliard en 2014-2015.

Le gouvernement Harper a affirmé à plusieurs reprises qu'il comptait y parvenir grâce à la reprise économique et à la fin du plan de relance de 40 milliards, le 31 mars 2011. Il a aussi promis de le faire sans augmenter les taxes ou les impôts et sans sabrer les paiements de transfert aux provinces.

«Les Canadiens s'attendent à ce que leur gouvernement revienne à l'équilibre budgétaire une fois qu'on aura traversé cette période économique difficile», a-t-il dit.

Le ministre a aussi souligné que le taux de chômage, bien qu'il demeure trop élevé à son goût, est 1,6 point de pourcentage de moins qu'aux États-Unis, du jamais vu depuis le milieu des années 70.