L'économie canadienne, l'une des plus dynamiques parmi les grands pays industrialisés, a freiné brusquement au deuxième trimestre, le produit intérieur brut (PIB) ne progressant que de 2% en rythme annuel, soit presque trois fois moins qu'en début d'année.

Ce ralentissement était attendu par les analystes après que l'économie canadienne eut enregistré au premier trimestre sa plus forte croissance en plus d'une décennie, avec une hausse de 5,8% du PIB en rythme annuel (chiffre révisé à la baisse par rapport à 6,1% initialement).

La décélération de la croissance a néanmoins été plus prononcée que prévu, puisque les analystes s'attendaient à une augmentation de 2,5% du PIB au deuxième trimestre, tandis que la banque centrale canadienne prédisait une hausse de 3%.

Mais, dans l'ensemble, le portrait de l'économie canadienne demeure très positif, estiment plusieurs analystes.

«L'économie canadienne ralentit, mais modérément», a déclaré Avery Shenfeld, économiste de la banque CIBC. «Les ménages canadiens sont devenus plus prudents, les entreprises un peu moins», a-t-il ajouté.

On est très loin du scénario d'une «rechute» dans la récession, a renchéri Pascal Gauthier de la banque TD.

«Il n'y a pas de grosses surprises derrière ces chiffres plus faibles que prévu, juste plusieurs indicateurs au dessous de la normale», a indiqué pour sa part Douglas Porter de la Banque de Montréal (BMO).

Compte tenu de la vigueur de l'économie canadienne, la Banque du Canada avait été la première cette année parmi les pays du G7 à relever son taux directeur.

L'annonce toutefois d'une croissance plus modeste au second trimestre rend maintenant incertain un nouveau relèvement du taux par la banque centrale, que l'on attendait mercredi prochain, estiment certains économistes.

«La possibilité qu'elle ne bouge pas est maintenant plus grande», a ainsi estimé Avery Shenfeld de la CIBC.

La plupart des économistes s'attendent encore à ce que la banque annonce une nouvelle hausse d'un quart de point de son taux directeur, comme elle l'avait fait en juin et juillet, ce qui le porterait à 1%.

Mais il pourrait s'agir de la dernière d'ici la fin de l'année, dit Pascal Gauthier, ajoutant que l'établissement préférera ensuite mesurer l'évolution de l'économie ailleurs dans le monde, notamment aux États-Unis, en Europe et en Asie, avant de bouger.

Au Canada, a-t-il précisé, «on est vraiment passé à un deuxième stade de la reprise. Après un rebond initial très fort, la reprise est plus avancée, avec des taux de croissance plus soutenables mais plus faibles».

En juin, le PIB canadien a notamment crû de 0,2% par rapport à mai, ce qui augure bien pour le troisième trimestre, a dit M. Gauthier, qui s'attend quand même à ce que la croissance demeure sous la barre des 3% d'ici la fin de 2011.

Au deuxième trimestre, l'économie canadienne a notamment pâti du ralentissement des dépenses de consommation et des investissements dans l'immobilier, deux secteurs qui avaient puissamment contribué à sortir le pays de la récession à la fin de l'été 2009.

L'économie a également été affectée par la dégradation du commerce extérieur, la croissance des importations dépassant celle des exportations «pour un deuxième trimestre consécutif», a indiqué Statistique Canada.

Elle a cependant été tirée par les mines, les banques, la production de biens et le secteur public.