La Banque centrale européenne (BCE) devrait annoncer jeudi la prolongation de sa politique monétaire très accommodante, car les risques de ralentissement de l'économie se précisent, selon les économistes.

A l'issue de la réunion de son conseil des gouverneurs, la BCE devrait laisser son principal taux directeur au niveau historiquement bas de 1%, auquel il stationne depuis mai 2009.

Plus de mouvement est attendu du côté de ses nouvelles prévisions de croissance en zone euro, actualisées chaque trimestre.

Après le ton plus optimiste de son président Jean-Claude Trichet lors de la précédente réunion mensuelle début août, les économistes s'attendent à un relèvement de la prévision de croissance de la BCE pour 2010, mais leurs pronostics divergent pour 2011.

En juin la BCE avait tablé sur une croissance de 1% en 2010, et de 1,2% l'année suivante.

La BCE devrait «revoir en hausse sa prévision de croissance pour 2010», pour tenir compte notamment de la robustesse de l'économie allemande, mais «le ralentissement de la demande mondiale est un signe très inquiétant pour l'avenir», estime Jennifer McKeown, de Capital Economics.

Malgré la bonne surprise de la croissance économique en zone euro au premier semestre, les économistes et les marchés s'inquiètent en effet d'une rechute de l'économie mondiale en deuxième partie d'année.

La BCE doit composer avec une zone euro à deux vitesses, entre le champion allemand qui bat des records de croissance et les pays dits «périphériques», comme l'Espagne ou la Grèce, qui sont «à la traîne», rappelle Carsten Brzeski, d'ING.

L'inflation restant contenue en zone euro ("1,7% en juillet, conforme à l'objectif de stabilité des prix à moyen terme de la BCE proche mais en deçà de 2%), la BCE devrait se permettre de prolonger ses mesures exceptionnelles de soutien aux banques.

Car du côté des marchés financiers et des banques, la confiance ne revient que lentement.

Les crédits au secteur privé ont ainsi progressé en juillet, mais l'évolution reste si fragile que «le conseil des gouverneurs sera très prudent en matière de changement de politique», estime Julian Callow de Barclays Capital.

«Etant donné l'état fragile du système financier et en particulier la dépendance des banques des pays les plus fragiles de la zone euro aux financements de la BCE, une sortie rapide des mesures exceptionnelles serait bien difficile à mettre en pratique», renchérit Carsten Brzeski.

L'un de ses gouverneurs les plus influents, le président de la Bundesbank Axel Weber, a d'ailleurs déjà indiqué le 20 août qu'il serait «sage» que la BCE continue de prêter des volumes illimités aux banques au-delà de la période de fin d'année.

Dans le détail, la BCE devrait annoncer la poursuite de ses opérations exceptionnelles de financement sur une semaine, un mois et trois mois, qui permettent aux banques de la zone euro de lui emprunter des volumes illimités au taux fixe très généreux de 1%.

La BCE a déjà arrêté ses opérations sur un an et annoncé la fin de ses opérations sur six mois. Elle a aussi fini d'acheter des obligations sécurisées, pour un montant nominal de 60 milliards d'euros.

L'institution européenne devrait en revanche maintenir son programme inédit d'achats d'obligations publiques, lancé en mai en pleine crise de la dette souveraine. Ces achats stagnent depuis plusieurs semaines autour de 60,5 milliards d'euros.