L'accumulation de données économiques décevantes conduit les économistes de Desjardins à réviser à la baisse leurs prévisions de croissance des États-Unis et du Canada pour l'année en cours et 2011. Ils maintiennent néanmoins leur scénario pour le Québec.

«Les risques d'un retour en récession aux États-Unis et au Canada sont relativement faibles, préviennent d'emblée François Dupuis, économiste en chef de l'institution lévisienne, et son adjoint Yves St-Maurice. Il faut tout simplement accepter de vivre avec des croissances plus modérées, le temps que les ajustements structurels se réalisent complètement.»

Plutôt optimistes en début d'été, ils réduisent de beaucoup leurs prévisions pour les États-Unis, où les vacillements de la reprise suscitent l'inquiétude.

Desjardins voyait un gain du PIB réel de 3,3% au deuxième trimestre. Les données préliminaires font état plutôt de seulement 2,4%. Washington doit publier une nouvelle estimation ce matin. Les experts s'attendent à un chiffre beaucoup plus faible, en raison d'une sous-évaluation du déficit commercial et d'une surévaluation du restockage des entreprises dans l'estimation initiale. Ed McKelvey, prévisionniste chez Goldman Sachs, voit 1,2% seulement et se qualifie d'optimiste.

C'est donc sans surprise que Desjardins ramène de 3,0% à 2,8% sa prévision de croissance de la première économie du monde cette année et de 2,8% à 2,4% en 2011.

Desjardins s'attend aussi à ce que la Réserve fédérale n'augmente pas son taux directeur avant 2012. Il évolue dans une fourchette de 0% à 0,25% depuis l'automne 2008. La mollesse de la reprise américaine, apparue un trimestre avant l'atténuation du stimulus de relance adopté par Washington, se fait sentir aussi de ce côté-ci de la frontière.

Le commerce extérieur sera moins florissant tandis que le consommateur se montrera plus prudent même si le marché du travail reste beaucoup plus robuste de ce côté-ci de la frontière. Desjardins estime à près de 2,5% le gain du PIB au deuxième trimestre dont le chiffre officiel sera dévoilé mardi. «Malgré les récentes faiblesses, la production de l'économie canadienne est vraisemblablement demeurée au-dessus de son potentiel au deuxième trimestre», estiment MM. Dupuis et St-Maurice. Voilà pourquoi ils s'attendent à une dernière hausse du taux directeur de la Banque du Canada, en septembre ou octobre. Le taux cible resterait par la suite à 1,0% jusqu'à l'été prochain.

À quelques poussières de 2,5%, la croissance reste néanmoins moins forte qu'anticipé. Aussi la prévision de 2010 est-elle ramenée de 3,6% à 3,3% et de 3,0% à 2,7% pour l'an prochain.

En tête

Même avec ces prévisions moins reluisantes, le Canada devrait arriver à la tête des membres du G7 côté croissance, en 2010 et en 2011.

L'Institut de la statistique du Québec a indiqué hier que le PIB de la société distincte avait reculé de 0,1% en mai, effaçant le gain d'avril. Tant chez Desjardins qu'à la Banque Nationale, on estime que la situation s'est rétablie en juin et juillet. Le Québec devrait ainsi connaître une croissance modérée en seconde moitié d'année.

L'institution de la rue De La Gauchetière fait preuve d'un optimisme plus modéré avec une prévision de croissance de 2,5% cette année.

Chez Desjardins, on maintient un scénario de 3,0% et de 2,5% pour 2010 et 2011, mais les chiffres sont sous surveillance avec perspectives négatives, pour emprunter le jargon des agences de notation. «Il faudra cependant surveiller dans quelle mesure les incertitudes mondiales affecteront l'économie nord-américaine, et incidemment le Québec», lit-on dans la Mise à jour des prévisions économiques et financières.

Desjardins n'hésite pas à réviser sa prévision pour l'Ontario qui passe de 3,9% à 3,6% en 2010 et de 2,8% à 2,6% en 2011. La faiblesse de l'économie américaine atténuera aussi la croissance des provinces productrices de pétrole et de gaz naturel.