Research In Motion Ltd. (T.RIM), dont le téléphone intelligent BlackBerry s'expose à une interdiction en Arabie Saoudite et en Indonésie, risque de voir son essor sur les marchés émergents pâtir après avoir indiqué qu'il ne révélerait pas les codes servant à lire les communications de certains usagers.





RIM ne peut pas répondre favorablement à la demande de fournir les clés de cryptage de ses clients d'entreprises parce qu'elle ne possède pas les codes, a fait savoir la société canadienne dans un courriel. Le service BlackBerry offert aux entreprises a été conçu pour empêcher RIM, ou qui que ce soit d'autre, de lire les informations cryptées et toute prétention voulant que RIM ait fourni «quelque chose d'unique au gouvernement d'un pays» est sans fondement, a indiqué la société ontarienne.



L'Arabie Saoudite, plus importante économie du monde arabe, a ordonné aux entreprises de téléphonie actives dans le pays de suspendre la fonction de messagerie instantanée des BlackBerry à partir de demain et l'Indonésie a menacé de faire de même. Cette initiative fait suite à une décision prise cette semaine par les Émirats arabes unis de stopper les fonctions de courriel et de messagerie des BlackBerry que le gouvernement n'est pas en mesure de surveiller.

Pour sa part, l'Inde, qui vient au deuxième rang pour l'importance de la population dans le monde, a demandé à RIM d'héberger un serveur dans le pays, sans quoi il sera banni.

«L'entreprise se trouve dans une position assez fâcheuse présentement, estime Matthew Reed, analyste d'Informa Plc, un fournisseur britannique de données d'entreprise. Une partie de l'attrait des BlackBerry réside dans les hauts degrés de sécurité qu'ils offrent, et c'est cette même caractéristique qui est bloquée.»

Bonnes moeurs

RIM, de Waterloo, cherche à assurer son essor hors de l'Amérique du Nord pour contrer le ralentissement de la croissance de ses affaires aux États-Unis. Mais l'entreprise fait face à de nouveaux défis tandis que des pays en développement resserrent les restrictions touchant les communications mobiles.

Par exemple, des pays tels que les Émirats arabes unis et l'Inde ont dit avoir besoin de surveiller les appels téléphoniques et les courriels pour des raisons de sécurité de même que pour une question de bonnes moeurs, sans quoi ils envisageraient une interdiction potentielle de ces services.

Les BlackBerry sont en concurrence avec l'iPhone d'Apple et les appareils de Nokia Oyj. Ce dernier, qui est le premier fabricant mondial de téléphones cellulaires, a fait savoir hier qu'il ne s'opposait pas aux nouvelles restrictions sur la messagerie mobile dans les pays des marchés émergents.

Le service de RIM offert aux grandes entreprises qui sont ses clientes achemine les courriels par ses propres serveurs, qui se trouvent souvent dans un pays différent de celui de l'utilisateur, et les données sont cryptées dans tout le système. La société offre aussi un service de cryptage par internet aux consommateurs et à ses clients plus modestes.

L'Arabie Saoudite suspendra uniquement le service de messagerie instantanée des BlackBerry, a dit hier Sultan Al Malik, porte-parole de la Commission des communications et de la technologie de l'information. Ce service de RIM ne répond pas aux exigences des autorités réglementaires, avait stipulé la Commission dans un communiqué diffusé mardi. Les sociétés de téléphonie en Arabie Saoudite et RIM ont entrepris des pourparlers à ce sujet, a indiqué la Commission.

Dans les Émirats arabes unis, les sociétés de téléphonie Emirates Telecommunications Corp. et Emirates Integrated Telecommunications Co. ont fait part de plans pour fournir aux utilisateurs de BlackBerry un accès de remplacement à l'internet, au courriel et à la messagerie instantanée de même que la possibilité d'acheter ou de recevoir un nouveau téléphone.

On compte peut-être 350 000 utilisateurs de BlackBerry en Arabie Saoudite, ce qui laisse place à une croissance des affaires tandis que de plus en plus de gens adoptent des services de données, selon M. Reed, analyste d'Informa. Il ajoute qu'il y aurait environ 750 000 clients de BlackBerry dans les Émirats arabes unis.