S'il subsiste des craintes quant à une autre récession, il reste que les perspectives touchant l'économie américaine s'améliorent sur le marché obligataire où les investisseurs acceptent les plus bas taux de rendement depuis 2004 pour prêter de l'argent aux entreprises.

En règle générale, les prêteurs demandent des taux d'intérêt plus élevés lorsque l'économie refroidit et que les risques de défaillance augmentent. La semaine dernière, les investisseurs ont plutôt fait en sorte que les taux de rendement des obligations de sociétés américaines ont été ramenés à une moyenne de 4,98%, le niveau le plus bas depuis mars 2004. Cela se compare au sommet de 5,75% atteint le 4 janvier cette année, selon un indice de Bank of America Merrill Lynch.

Les ventes de titres de dette ont atteint 90,1 milliards US le mois dernier, juillet le plus actif de tous les temps, d'après des données de Bloomberg.

Vendredi dernier, les autorités américaines ont annoncé que le produit intérieur avait ralenti à une cadence annuelle de 2,4% au dernier trimestre par rapport à 3,7% à la période précédente, ce qui n'a pas empêché Prudential Investment Management Inc., Loomis Sayles & Co. et Invesco Ltd., qui gèrent des actifs de 1420 milliards US, d'y voir de la vigueur. Ainsi, des données du Département américain du commerce ont indiqué que les investissements des entreprises avaient augmenté au rythme le plus vif depuis 1997 dans un contexte de hausse des bénéfices.

«Le marché semble penser que la probabilité d'une récession à double creux a diminué de manière marquée», soutient Michael Collins, principal responsable des placements de Prudential, qui compte environ 693 millions US sous gestion. «Les investisseurs regardent tous ces profits, ajoute-t-il, et ils font l'hypothèse que la bonne posture des corporations sur le plan des bénéfices et des liquidités finira par propulser l'économie encore plus vers l'avant.»

Depuis le 12 juillet dernier, plus de 77% des entreprises qui forment l'indice Standard & Poor's 500 ont fait état de bénéfices au deuxième trimestre qui se sont avérés supérieurs à la moyenne des estimations des analystes, selon des données compilées par Bloomberg. Les profits bondiront de 35% cette année, un sommet depuis 1988, indiquent des prévisions. À la suite de la récession de 2001, la croissance des bénéfices n'a jamais dépassé 20%.

En juin, le taux de défaillance à l'échelle mondiale a reculé à 6,1% comparativement à 12,1% un an plus tôt, et il diminuera à 2,4% d'ici la fin de l'année, prévoit Moody's Investors Service.

La bonne tenue du marché des obligations des sociétés a fait en sorte que le rendement des obligations à risque a été supérieur à celui des bons du Trésor américain le mois dernier, une première depuis avril dernier. Les titres de dette à haut risque présentaient un taux de rendement de 3,46%, un sommet depuis les 5,98% atteints en septembre 2009. Pour leur part, les bons du Trésor offraient 0,68%.

«Le crédit des sociétés apparaît très attrayant en particulier», avance Kathleen Gaffney, qui assure la cogestion du fonds d'obligations Loomis Sayles Bond Fund. Ce fonds de 19 milliards US a fait mieux que 95% de ses pairs au cours des cinq dernières années.