Ben S. Bernanke, président de la Réserve fédérale américaine (Fed), estime que les hausses salariales aux États-Unis vont probablement stimuler les dépenses de consommation au cours des prochains trimestres, même si les gains «modestes» dans le secteur de l'emploi pèsent sur la confiance des consommateurs.





«Il nous reste encore beaucoup de chemin à faire pour que notre économie se redresse complètement», a souligné hier M. Bernanke dans un discours adressé à des législateurs des États du sud réunis à Charleston, en Caroline du Sud. «Il reste que la hausse de la demande des ménages et des entreprises devrait contribuer à soutenir la croissance», a-t-il ajouté. Et il semble que les dépenses de consommation, qui forment environ 70% de l'économie américaine, «vont augmenter au cours des trimestres à venir par rapport à la cadence modeste observée récemment».



Les décideurs de la Fed commencent à songer à la manière de stimuler la reprise et de réduire le chômage après une année à forger des outils pour mettre fin aux stimuli monétaires records. Un rapport publié vendredi dernier a montré que l'économie américaine, qui se remet de la pire récession depuis les années 30, a ralenti à une cadence annuelle de 2,4% au deuxième trimestre, soit moins que prévu, tandis que la rareté des emplois affectait les dépenses de consommation.

L'économie «présente maintenant un essor selon un rythme modéré, a dit M. Bernanke. Toutefois, des éléments importants continuent de freiner la reprise, y compris le secteur de l'habitation, le marché immobilier commercial et le marché de l'emploi.»

Options

Dans le texte de son discours, le président de la Fed n'a pas abordé la question de politique monétaire, le gros de ses propos portant sur les questions budgétaires courantes et à long terme auxquelles font face les gouvernements d'État et locaux. Les États réduisent leurs dépenses pour combler des déficits budgétaires combinés de 84 milliards US. Ces réductions «pèsent sur l'activité économique», a soutenu M. Bernanke.

Ce dernier et l'Open Market Committee de la Fed tiendront une réunion le 10 août prochain à Washington pour discuter des taux d'intérêt et de l'économie. Parmi les options présentées le mois dernier par M. Bernanke pour aider à la croissance économique et garder les taux d'intérêt bas, on compte l'utilisation des communications pour véhiculer les coûts d'emprunt, réduire le taux que la Fed paie sur les réserves en excédent déposées à la banque centrale et améliorer le bilan par l'achat d'actifs.

La Fed a indiqué en juin dernier que la crise de la dette en Europe est susceptible d'affecter la croissance économique aux États-Unis et a réitéré sa promesse de garder les taux d'intérêt près de zéro «pendant une période prolongée». La banque centrale américaine a fait baisser son taux directeur à près de zéro en décembre 2008 et elle s'est tournée vers les bons du Trésor et les valeurs adossées à des hypothèques comme outils principaux de politique monétaire.

Hausse du chômage?

L'économie américaine a enregistré une progression de 3,7% en taux annuel au premier trimestre et de 5% au cours des trois derniers mois de 2009, selon des données révisées publiées vendredi dernier par Washington. Les employeurs ont probablement éliminé 63 000 emplois le mois dernier et le taux de chômage pourrait avoir grimpé à 9,6%, selon la prévision médiane d'analystes sondés par Bloomberg en vue du rapport mensuel du département américain du Travail qui doit être publié ce vendredi.

Les conditions financières «ont moins soutenu la croissance économique au cours des récents mois», a admis M. Bernanke.

 

"2,4%

Croissance annualisée de l'économie américaine au deuxième trimestre

70%

Part de la consommation dans l'ensemble de l'activité économique aux États-Unis

9,6%

Taux de chômage prévu pour le mois de juillet aux États-Unis