L'économie québécoise, tout comme la canadienne dans son ensemble, va continuer de créer des emplois au cours des prochains mois.

C'est à tout le moins ce qu'indique l'Indice d'offres d'emplois, mis au point par le Conference Board du Canada à partir de 79 sites web canadiens qui publient les annonces d'offres d'embauches.

Tant au Canada dans son ensemble qu'au Québec en particulier, l'indice a progressé de mai à juin, pour un deuxième mois d'affilée. «Le marché du travail va continuer de s'améliorer au cours des prochains mois», en déduit Julie Adès, responsable de l'analyse de l'indice au Board.

Cette indication vient confirmer celle de l'Enquête trimestrielle de la Banque du Canada sur les perspectives des entreprises, parue il y a deux semaines. Un répondant sur deux avait indiqué son intention d'accroître ses effectifs d'ici les 12 prochains mois.

Cela suggère que le Canada n'a pas encore fait le plein d'emplois, malgré l'accélération du nombre d'embauches au deuxième trimestre (plus de 200 000).

Jusqu'ici, la reprise canadienne a été assurée surtout par une augmentation du nombre d'employés plutôt que par une intensification du travail, comme c'est le cas aux États-Unis.

Certains économistes déplorent que la façon de faire canadienne creuse l'écart de productivité et surtout des coûts unitaires de main-d'oeuvre entre les deux pays, ce qui émousse la position concurrentielle du Canada en général et du Québec en particulier.

C'est pourtant loin d'être aussi simple.

Selon l'économiste Hélène Bégin du Mouvement Desjardins, l'augmentation de la productivité cyclique, qui a caractérisé la dernière récession, a été favorable pour le Québec.

Règle générale durant une récession, le recul de l'emploi est plus prononcé que celui de la production. Il en résulte un gain de productivité puisqu'il faut moins de travail pour une quantité donnée de biens ou de services.

Aux prises avec des problèmes de crédit incomparables, les entreprises américaines ont sabré dans l'emploi bien davantage que dans leur production. Leur productivité a rapidement augmenté.

Au Canada, dans l'ensemble, ce fut l'inverse, mais pas dans toutes les provinces. «Les heures travaillées (-3,7%) ont diminué bien davantage que le PIB réel des entreprises (-2,3%), calcule Mme Bégin. Un gain de 1,4% de la productivité a permis au Québec de surpasser le Canada et l'Ontario et même de prendre les devants à l'amorce du nouveau cycle économique.»

Évidemment, cela ne suffit pas à rattraper tout le retard accumulé au cours de la première décennie du siècle. Pour y parvenir, il faudra davantage d'investissements en capital productif, en innovations, en formation de la main-d'oeuvre et en R&D.

Cependant, que ce soit au Québec, au Canada dans son ensemble ou aux États-Unis, la phase d'expansion d'un cycle économique est toujours associée à la création d'emplois, à la différence de la phase de reprise. Le Québec y est déjà, le Canada et les États-Unis, tout près d'y entrer.

Chez nos voisins, la reprise s'est faite avec bien peu de créations d'emplois, bien que davantage qu'au cours des contractions de 2001 et de 1991, souligne Yanick Desnoyers, économiste en chef adjoint à la Banque Nationale, Groupe financier.

«Comme le niveau de la productivité de la main-d'oeuvre vient d'atteindre la stratosphère aux États-Unis, il y a de bonnes chances que les entreprises ne puissent plus être en mesure d'augmenter leur production sans augmenter les heures travaillées ou le nombre d'employés», plaide-t-il dans la dernière livraison de L'Hebdo économique où il passe au crible les arguments des tenants d'une rechute de l'économie américaine.

Au chapitre de la création d'emplois, les entreprises américaines pourraient avoir à mettre les bouchées doubles. Non seulement l'expansion approche-t-elle, mais elle survient après que les ménages eurent nettement assaini leur bilan.

Les gains de productivité seront forcément plus modestes et peut-être négatifs à certains moments.

La productivité est d'ailleurs une des inquiétudes mentionnées par le président de la Réserve fédérale Ben S. Bernanke, lors de son témoignage semestriel devant le Congrès. Le chômage prolongé d'un trop grand nombre d'Américains risque d'émousser leurs qualifications et leurs habilités.

La Presse CanadienneLes faillites en net recul

Le nombre total de dossiers d'insolvabilité de consommateurs et d'entreprises a diminué en mai au Canada.

Le Bureau du surintendant des faillites a indiqué que le nombre total de dossiers d'insolvabilité était passé à 11 526, en baisse de 12,8% par rapport à mai 2009.

Le nombre de dossiers de faillites ou de propositions de règlement de dettes a baissé de 12% chez les consommateurs.

Du côté des entreprises, une diminution de 29,8% a été enregistrée.

On a observé une baisse d'un mois à l'autre, entre avril et mai, ce qui reflète, d'une part, une tendance saisonnière et, d'autre part, la reprise économique.

Pour la période de 12 mois qui a pris fin le 31 mai, le nombre total de dossiers d'insolvabilité a augmenté de 10,2% par rapport à celle terminée le 31 mai 2009 pour atteindre 153 248, comparativement à 139 003 lors de la période correspondante un an plus tôt.