Le géant américain de l'informatique, IBM (IBM), juge «sans mérite» les deux enquêtes annoncées lundi par la Commission européenne pour abus de position dominante sur le marché des serveurs centraux, un marché «qu'on tenait pour mort».

«IBM compte coopérer pleinement aux enquêtes de l'Union européenne. Mais qu'on ne s'y trompe pas: les allégations de Microsoft et ses satellites mandataires n'ont aucun mérite», affirme IBM dans un communiqué.

Le groupe souligne qu'«il y a peu, les experts de la haute technologie et les concurrents d'IBM avaient déclaré mort le marché des serveurs centraux», et «beaucoup d'entreprises l'abandonnaient ou développaient des alternatives».

À l'inverse, «IBM a pris une décision déterminante: investir des milliards de dollars» dans cette technologie.

Les serveurs centraux sont de puissants ordinateurs utilisés par de nombreuses grandes entreprises et institutions gouvernementales dans le monde pour stocker et traiter des informations essentielles.

«Aujourd'hui, le marché des serveurs centraux est une petite niche dans le paysage hautement concurrentiel des serveurs», poursuit IBM.

IBM accuse donc «certains concurrents qui n'ont pas été capables de gagner leur place sur ce marché par des investissements» de vouloir le faire avec l'aide du régulateur.

Ce marché pèse, équipements et systèmes d'exploitation compris, quelque 8,5 milliards d'euros dans le monde dont trois milliards dans l'Espace économique européen, mais IBM souligne qu'il ne représente que 0,02% des serveurs expédiés et moins de 10% du total des ventes de serveurs en 2009, en ratio, «en forte chute comparé à 2008».

«Les accusations de TurboHercules et T3 contre IBM sont poussées par certains des plus gros concurrents d'IBM, menés par Microsoft, (...) qui veulent imiter certains aspects des serveurs centraux IBM sans avoir à faire les investissements substantiels qu'IBM a faits et continue à faire», conclut le groupe. «Ils violent ainsi sa propriété intellectuelle».

La première enquête ouverte lundi par la Commission européenne fait suite à des plaintes déposées par deux vendeurs de technologie dites d'émulation, l'américain T3 en 2009 et le français TurboHercules cette année, qui accusent le géant de l'informatique de lier son matériel pour serveurs centraux et son propre système d'exploitation de ces serveurs.

IBM, en ne laissant pas la liberté aux clients d'utiliser les systèmes de leur choix sur les équipements de leur choix, pénaliserait les fabricants de logiciels permettant d'améliorer les performances d'ordinateurs d'autres marques.

La deuxième enquête est lancée à l'initiative de la Commission, ses services soupçonnent en effet un «comportement discriminatoire» d'IBM «vis-à-vis de ses concurrents fournissant des services d'entretien des serveurs centraux».

L'action reculait de 0,31% à 127,98 dollars dans un marché en hausse vers 11h15.