Les consommateurs qui avaient soupiré en voyant le prix de leur boîte de céréales préférées monter en 2008 n'ont rien à craindre: la tendance baissière tire peut-être à sa fin, mais la récente hausse des prix n'a rien à voir avec celle d'il y a deux ans.

Les prix des céréales ont rebondi depuis le mois de juin, mettant un frein au moins temporaire à la tendance baissière qui avait cours depuis la fin de la flambée des prix de 2008.

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La météo dans certains coins du monde et les récentes statistiques publiées par le ministère de l'Agriculture américain (USDA) ont semé un doute sur les marchés.

Les prix sont certes très éloignés des sommets de 2008. Mais les contrats à terme pour septembre de blé et de maïs ont bondi de 17% et 14% depuis la fin juin à la Bourse de Chicago, tandis que le prix de l'avoine a gagné 27% dans le dernier mois.

Dans le cas du maïs, «c'est un regain limité, mais la tendance à la baisse s'est arrêtée», observe Patric Ménard, agronome et agent d'information sur les marchés pour la Fédération des producteurs de cultures commerciales du Québec (FPPCQ).

Le 30 juin dernier, l'USDA a publié un rapport qui a secoué les marchés. Les superficies de culture de maïs allaient être moins grandes que prévu. «Parallèlement, la demande augmente, soutient Stéphane D'Amato, président de la firme-conseil Axis Agriculture. C'est un bilan d'offre et de demande qui commande des prix plus hauts.»

Mais la qualité du maïs semble être au rendez-vous, note toutefois Patric Ménard. Pas moins de 71% du maïs américain est dans une condition bonne ou excellente. Le marché est donc en période d'attente et risque d'être très sensible à la météo, estime M. Ménard.

Les deux prochaines semaines seront cruciales pour la direction du prix. «Le maïs est dans sa phase critique de pollinisation et les conditions sont idéales aux États-Unis, explique Patric Ménard. Il ne fait pas trop chaud, pas trop froid, et l'humidité du sol est bonne. Si tout va bien, cela pourrait repousser le prix à la baisse.»

La météo contre le blé

Si la météo paraît favorable au maïs actuellement, elle joue toutefois contre le blé et l'avoine cette année.

Dans l'Ouest canadien, les très fortes pluies ont retardé les semis des deux céréales.

Au moins un cinquième des superficies de culture de blé n'ont pas été semées «et sont presque assurées de ne pas l'être», soulignait la Commission canadienne du blé (CCB), dans son rapport de juin sur les prix.

Mais avec les inventaires en forte hausse, il faut être prudent avant d'annoncer une «appréciation significative des prix», précise l'organisme. D'autant plus que du temps plus chaud a rassuré la CCB à la fin du mois de juin.

Mais de l'autre côté de la planète, la sécheresse en cours a endommagé la moitié des récoltes de blé de plusieurs régions russes. «Cela est actuellement l'élément le plus haussier du marché du blé, observe Darrell Holaday, un consultant du Kansas cité par l'agence Bloomberg. Peut-être que cela représente un creux dans le marché.»

Retour à l'équilibre

Pour l'instant, les hausses de prix restent toutes relatives en comparaison avec la flambée de 2008. Sur les graphiques, l'évolution des prix depuis deux ans pointe vers le bas.

«En réalité, nous assistons aujourd'hui à un retour à l'équilibre, après l'anormalité des prix des dernières années», soutient David Bilodeau, gestionnaire de portefeuille associé chez Majestic Gestion d'actifs, une firme montréalaise qui se spécialise dans les ressources.

«Nous n'avons pris aucune position qui laisse voir une hausse soutenue du prix des céréales, poursuit M. Bilodeau. On pense que les prix actuels reflètent davantage la réalité économique.»

En 2008, les fonds d'investissement avaient spéculé massivement sur le prix des denrées, ce qui avait causé une petite bulle de prix.

David Bilodeau anticipe un prix plutôt stable dans les deux ou trois prochaines années. Sur un horizon à plus long terme, la croissance de la consommation des pays émergents devrait toutefois pousser les prix à la hausse.