Derrière le calme routinier du petit déjeuner se cachent des marchés extrêmement actifs où se négocient les denrées qui composent le menu. Café, jus d'orange, céréales: La Presse Affaires fait le point sur le prix du repas le plus important de la journée.

Les grains s'accumulent sur un côté de la balance des prix du café, qui pourrait pencher bientôt du côté de l'augmentation. Les amateurs de café obtiennent un sursis, mais ils risquent de débourser davantage pour savourer leur boisson préférée dans quelques mois.

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Sur les marchés, le prix du café a atteint en juin son niveau mensuel moyen le plus élevé depuis juin 1997. En deux semaines, les contrats à terme négociés à Chicago pour livraison en septembre (mesure-étalon du prix du café) ont bondi de 25%. Au même moment, les inventaires ont touché leur niveau le plus faible depuis 2002.

Les fondamentaux pointent vers une hausse de prix. Les deux dernières récoltes en Colombie ont été faibles, avec un impact à la baisse sur les inventaires. Les exportations des pays producteurs diminueront pour la deuxième année consécutive en 2010, créant une certaine rareté dans un contexte où l'équilibre entre offre et demande est très précaire.

Au Brésil, qui fournit le tiers de la production mondiale de café, les pluies ont abîmé les grains l'an dernier, si bien que la qualité n'est pas au rendez-vous cette année.

«Plus la récolte avance, plus la qualité nous déçoit», a indiqué à l'agence Bloomberg l'agronome en chef de Cooxupe, la plus importante coopérative brésilienne de production.

Les torréfacteurs attendront

D'un autre côté, la croissance de la demande ralentit, ce qui devrait tempérer les ardeurs des torréfacteurs qui seraient tentés d'appuyer sur la gâchette des prix.

La consommation de café a grimpé d'environ 2,5% par année durant la dernière décennie. Mais la croissance est retournée à un niveau historique d'environ 1,5% l'an dernier, alors que les amateurs ont consommé 132 millions de sacs de café (un sac équivaut à 60 kg).

Les torréfacteurs préfèrent aussi limiter les fluctuations de prix de détail, soutient José Sette, directeur des opérations de l'Organisation internationale du café (OIC), dans une entrevue à La Presse Affaires.

«Quand le prix de la matière première augmente considérablement, les prix finaux doivent évidemment être ajustés à un certain moment, dit-il. Mais les torréfacteurs aiment garder les prix au consommateur les plus stables possible.»

Le consommateur obtient donc un sursis. «On achète notre café de trois à six mois d'avance, explique le président et chef de la direction de Van Houtte, Gérard Geoffrion. Présentement, nous sommes donc couverts jusqu'au début de l'automne. Nous absorbons généralement les fluctuations, mais si les prix se maintiennent à un niveau élevé pendant une longue période, nous devons ajuster nos prix en conséquence.»

Il y a deux ans, dans la foulée de la flambée des prix du café et de plusieurs autres denrées, Van Houtte avait augmenté ses prix de détail de 25 à 30 cents la livre (sur un prix total variant entre 7 et 10$ la livre). Le torréfacteur avait maintenu ses prix par la suite en raison du recul du taux de change.

Une décennie de hausse

Les prix sur le marché mondial du café ont déjà fortement augmenté dans la décennie. Le prix indicatif composite utilisé par l'OIC (qui comprend tant les grains arabica que les grains robusta, de moindre qualité) était de 45,59 cents US la livre en 2001. Il est monté graduellement jusqu'à atteindre 128,10 cents en mai dernier, et 155,60 cents le 25 juin. Le prix était de 152,43 cents US vendredi dernier.

Aux États-Unis, le prix de détail de la livre de café torréfié est passé de 2,85$US en 2005 à 3,67$ en 2009 (en dollars courants). L'OIC n'a pas les données pour le Canada, qui n'est pas membre de l'organisation.

Les producteurs ont fourni 120,6 millions de sacs de café dans la campagne 2009-2010. Selon l'OIC, la campagne 2010-2011 devrait produire entre 133 et 135 millions de sacs.