Merck (MRK), anciennement connue au Canada sous le nom de Merck Frosst, fermera son centre de recherche situé à son siège social canadien, à Kirkland. Cela laisse en suspens une infrastructure de pointe et une expertise hautement qualifiée. Deux éléments qu'il faut absolument s'efforcer de sauver, affirme Montréal InVivo, l'organisme qui regroupe l'ensemble des partenaires des sciences de la vie à Montréal.







Quelque 180 personnes, pour la plupart des biologistes et des chimistes, verront leur poste aboli. Le président de la chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc, a parlé d'un «jour sombre pour l'industrie canadienne des sciences de la vie».





Quelques employés seront transférés dans d'autres centres de recherche aux États-Unis, mais la grande majorité d'entre eux se retrouveront sur le carreau à la fermeture du centre d'ici la fin de l'année, a indiqué Merck sans préciser davantage l'échéancier.

«Ce sont des emplois de recherche de haut niveau, mais aussi des ressources facilement exportables et des gens qui peuvent bouger facilement, note Michelle Savoie, directrice générale de Montréal InVivo. Il faut s'assurer de les garder dans notre tissu d'entreprises locales.»

Pour l'organisme, qui regroupe notamment 150 centres de recherche et 80 filiales montréalaises d'entreprises mondiales, il faut aussi voir de quelle façon on peut récupérer les infrastructures de pointe du centre de recherche de Merck, situé dans trois immeubles du siège social. «Cela peut se faire en attirant des investissements d'autres entreprises internationales, notamment des pays émergents, souligne Mme Savoie. Le centre de recherche pourrait aussi servir à faciliter le démarrage de nouvelles entreprises, peut-être même avec l'aide de Merck.»

«On a six mois devant nous», ajoute Mme Savoie.

Selon le porte-parole de Merck au Canada, Vincent Lamoureux, tous les scénarios sont encore sur la table concernant l'avenir du centre de recherche, incluant la vente des infrastructures.

Restructuration mondiale

La fermeture du centre de recherche fondamentale survient dans le cadre de la première phase du plan de restructuration de Merck après la fusion avec Schering-Plough, en novembre dernier.

Le centre de recherche montréalais était l'un des plus petits du réseau de Merck. «Merck veut changer sa stratégie de recherche en diminuant le nombre de centres, mais en concentrant les programmes dans des centres plus grands pour augmenter les synergies sur les plans scientifique et financier», explique Vincent Lamoureux.

«Merck était le centre de recherche le plus ancien au Canada, souligne Michelle Savoie. C'est un peu une institution qu'on voit fermer.»

C'est à Montréal que Merck Frosst avait développé le Singulair, l'un des médicaments phare du géant pharmaceutique.

Les activités de l'usine de fabrication de Pointe-Claire, qui emploie 350 personnes, ne sont pas touchées. Et Merck conservera environ 1100 employés au Québec.

Investissement de 100 millions

Merck compte aussi investir 100 millions de dollars sur cinq ans pour la recherche et développement au Québec, en collaboration avec des partenaires académiques, des biotechs locales et des groupes de recherche clinique.

Cet investissement rassure le ministre du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation, Clément Gignac. «Nous sommes déçus par la fermeture, mais ce n'est pas une décision basée sur le centre montréalais en particulier. Et je remarque une enveloppe de 100 millions qui me dit que Merck a confiance au talent et aux cerveaux québécois.»

Le ministre dit avoir confiance que les personnes touchées par la fermeture du centre puissent trouver un emploi dans la région de Montréal. Mais il n'a pas voulu s'avancer sur de potentielles actions du Ministère pour garder les emplois au Québec ou conserver les infrastructures du centre de recherche.

Montréal n'est pas seul à souffrir de la restructuration de Merck. En tout, la société fermera huit centres de recherche et huit usines, entraînant le départ d'environ 15 000 employés, soit 15% de l'effectif total de l'entreprise.

Cette première phase de restructuration devrait générer des économies annuelles de 2,7 à 3,1 milliards US.

Le titre de Merck a affiché sensiblement la même performance que l'indice Dow Jones, hier à la Bourse de New York. Il a grimpé de 1,2%, à 35,86$ US.