La Banque centrale européenne devrait profiter de sa réunion mensuelle de politique monétaire pour distribuer les rappels à l'ordre, avec comme cible privilégiée le secteur bancaire dont la vulnérabilité persistante fait peser de lourds risques sur la reprise.

Le conseil des gouverneurs doit se retrouver jeudi au siège de Francfort. Le principal taux directeur, fixé à 1% depuis mai 2009, devrait de l'avis unanime des économistes rester rivé à ce niveau historique.L'inflation reste contenue, l'économie européenne en reprise lente et les tensions sur les marchés financiers demeurent.

L'institution n'a aucun motif de changer de cap. Un virage à la hausse n'est attendu qu'au cours de 2011.

Si tout va bien. Car la Banque des règlements internationaux (BRI) a récemment mis en garde contre des risques de rechute de l'économie mondiale. La banque centrale des banques centrales redoute les effets pervers des plans de soutien à l'économie qui ont créé une dépendance «dont le système financier risque d'avoir des difficultés à s'affranchir».

L'occasion pour le président de la BCE Jean-Claude Trichet de réitérer ses appels aux gouvernements pour poursuivre leurs efforts de rigueur budgétaire et aux banques pour qu'elles prennent résolument en main leur restructuration.

La BCE abreuve les banques d'argent bon marché depuis l'effondrement du «subprime», le marché immobilier à risques aux Etats-Unis, à l'été 2007. Ces mesures exceptionnelles sont montées d'un cran après la faillite de l'américaine Lehman Brothers à l'automne 2008.

Fin 2009, la banque centrale a osé un premier pas vers la sortie du dispositif anti-crise, avant de réactiver certaines mesures début mai, en pleine crise de la dette en zone euro. Les mesures de soutien, «provisoires» comme le souligne à la moindre occasion Jean-Claude Trichet, commencent à durer, faisant augmenter les risques que ces injections d'argent pas cher ne conduisent à la prochaine crise.

«Il est complètement lamentable qu'en trois ans de crise financière, et alors que les économies sont en phase de reprise, le système financier européen continue à avoir des difficultés graves, avec une partie du système bancaire qui semble être incurablement dépendant du soutien de la BCE», estime Marco Annunziata, économiste d'UniCredit.

Les établissements des pays en proie à de sévères dérapages de leurs finances publiques sont en ligne de mire. Les banques grecques mais aussi espagnoles avec la défaillance des Caisses d'épargne, ou encore portugaises et irlandaises ont besoin des perfusions de la BCE pour se refinancer faute de pouvoir obtenir des liquidités auprès de leurs consoeurs.

Le secteur a rassuré quelque peu lors du remboursement d'un prêt géant à la BCE jeudi. Plus d'un millier de banques avaient emprunté 442 milliards d'euros il y a un an. L'institution a mis en place des facilités de prêts pour les aider. Les banques ne se sont pas ruées sur ces appels d'offres, signe que leur dépendance à la BCE est moins grave que redouté, du moins globalement.

Les tests de résistance dont le résultat est attendu fin juillet, devraient faire la lumière sur les établissements en grande difficulté. «Une amélioration majeure dans la transparence devrait être suivie rapidement par une recapitalisation (...) des institutions les plus faibles», juge l'expert d'UniCredit.

A part cela, la BCE ne devrait pas dévoiler grand-chose de nouveau jeudi, estime Michael Schubert de Commerzbank. «Beaucoup d'appels, mais peu d'action» à attendre, résume l'économiste.