Les candidats à la reprise du groupe Le Monde ont déposé mercredi leurs «pré-offres» et parmi eux l'Espagnol Prisa, qui a demandé un délai pour que les repreneurs puissent «affiner» leurs propositions.

Parmi les postulants, figurent également un trio composé de l'homme d'affaires Pierre Bergé, du banquier et propriétaire des Inrockuptibles Matthieu Pigasse et du président fondateur de Free, Xavier Niel, ainsi que le propriétaire du Nouvel Observateur Claude Perdriel.

L'Espagnol Prisa, déjà actionnaire à plus de 15% du groupe Le Monde, a manifesté son intérêt, mais demandé un délai, estimant indispensable un audit approfondi du Monde.

Ces offres doivent être suivies du dépôt de propositions finalisées avant vendredi 19h (heure de Paris). Selon les règles fixées par Le Monde, il n'est cependant pas indispensable pour les candidats de déposer une «pré-offre» avant d'en faire une définitive. «Cela laisse la porte ouverte à d'autres repreneurs jusque là restés discrets», selon une source proche du dossier.

L'Espagnol Prisa, dans une lettre adressée au Conseil de surveillance du Monde, a confirmé mercredi son intérêt pour recapitaliser le groupe, mais estime que seul un audit approfondi permettra d'affiner son offre.

Le groupe espagnol propose en outre que Le Monde sorte le matin au lieu de l'après-midi et soit édité tous les jours, dimanche compris.

Il n'hésite pas à se faire le porte-parole des autres candidats: «À ce jour, la nature et la qualité de l'information qui a été remis aux candidats potentiels à la recapitalisation du groupe Le Monde (notamment sur des aspects majeurs comme l'imprimerie), ainsi que les délais qui leur ont été imposés, ne permettent à personne de remettre le 14 juin 2010 l'offre ferme souhaitée».

Passé la recapitalisation, Prisa souhaite «élargir l'offre du Monde. Le donner à lire chaque jour, le matin, du lundi au dimanche», selon la lettre signé par Juan-Luis Cebrian, président exécutif du groupe espagnol.

Les montants avancés pour une recapitalisation du Monde, lourdement endetté, sont estimés entre 80 et 120 millions d'euros.

Mais le calendrier établi par la direction du Monde reste problématique. Plusieurs sociétés d'actionnaires du journal, notamment la Société des Rédacteurs (SRM), dont l'avis est crucial, se réunissent en assemblée générale ce jeudi et seront donc dans l'incapacité de se prononcer sur aucune des offres définitives.

Quant au Conseil de surveillance, prévu le 14 juin, il n'aurait que trois jours pour examiner l'opération considérée comme un tournant historique pour le journal.

La situation financière explique ce calendrier serré pour le groupe qui se trouverait en cessation de paiement en juillet. La banque conseil du journal a donc demandé à certains candidats-repreneurs de verser dés juin quelques 10 millions d'euros pour éviter le dépôt de bilan, une pratique inhabituelle, selon les milieux bancaires.

Prisa suggère, de son coté, que «chacun des candidats à la recapitalisation pourrait verser à Le Monde SA des avances remboursables» qui seraient ensuite compensées lors de la recapitalisation.

Si les candidats s'étaient montrés enthousiastes il y a quelques semaines, la complexité du dossier et le manque de temps pour examiner la situation véritable du groupe en a rebuté plusieurs. Mardi, Ringier, un des plus importants groupes de presse suisse, a renoncé, suivi mercredi par l'Italien Editoriale L'Espresso.