La réforme majeure de la Loi sur le droit d'auteur annoncée hier par le gouvernement Harper réjouit les producteurs des jeux vidéo, qui regroupent près de 4000 employés dans la seule région de Montréal.

«Cette réforme devrait combler une bonne partie du retard du Canada par rapport aux autres économies développées en matière de protection des droits d'auteur» a commenté Danielle Parr, directrice de l'Association canadienne du logiciel de divertissement.

«Cette réforme est essentielle pour tous ceux qui, comme dans l'industrie des jeux vidéo, réalisent la majorité de leurs affaires avec des produits de propriété intellectuelle qui sont en diffusion numérique.»

Soit dit en passant, c'est dans les bureaux montréalais de la firme Electronic Arts, un important développeur de jeux d'origine américaine, que les ministres fédéraux de l'Industrie et du Patrimoine ont fait l'annonce officielle de leur projet de loi devant les médias.

Parmi les représentants de l'industrie des jeux, on était satisfait du résultat des représentations faites depuis deux ans afin de convaincre Ottawa de mettre sa législation des droits d'auteur au diapason de l'ère numérique. En particulier, les producteurs de jeux vidéo apprécient le renforcement de la protection légale envers les «serrures électroniques» qu'ils introduisent de plus en plus dans leurs logiciels, afin de contrer le piratage.

Selon le projet de loi fédéral, les tentatives de déjouer ou de crocheter ces serrures électroniques seraient passibles de sanctions semblables à celles prévues pour l'usage non-autorisé de matériel assujetti à des droits d'auteur.

«L'objectif de ces serrures électroniques pour les producteurs de jeux vidéo est de pouvoir intercepter ceux qui profitent du piratage de nos produits. Or, le projet de loi fédéral renforce cette protection, tout en laissant aux entreprises de jeux vidéo le libre choix de les utiliser ou non», a indiqué Mme Parr.

Internet

En contrepartie, a-t-elle ajouté, le secteur des jeux vidéo aurait souhaité voir dans le projet de loi fédéral plus de conditions imposées aux fournisseurs d'accès à l'internet quant au contrôle des contenus en circulation illégale.

«Le téléchargement de versions piratées de jeux vidéo est un problème croissant dans notre industrie, a souligné Danielle Parr. C'est pourquoi nous aurions souhaité que le gouvernement canadien s'inspire des législations américaine et britannique, qui forcent les fournisseurs d'accès à dénoncer et même débrancher les usagers qui s'adonnent au transfert de matériel piraté.»

Cela dit, la migration croissante du marché des jeux vidéo vers les logiciels en usage collectif par l'internet s'avère un moyen de contraindre le piratage.

«Ces jeux sont opérés des serveurs informatiques des entreprises de jeux. Nous pouvons donc mieux en surveiller les usages non-autorisés que dans le cas des jeux emballés pour les consoles» a expliqué Cédric Orvoine, porte-parole d'Ubisoft, qui est le plus gros employeur en production de jeux vidéo à Montréal.