Les tintinophiles de la planète devraient se retrouver samedi à la salle des ventes Drouot-Montaigne à Paris pour une vente aux enchères exceptionnelle rassemblant des planches originales, dessins dédicacés et objets dérivés de l'oeuvre d'Hergé.

Un total de 230 lots, rassemblés auprès de passionnés, seront mis en vente par les organisateurs, Moulinsart SA, titulaire exclusif des droits d'exploitation dérivés de l'oeuvre de Hergé en partenariat avec Piasa SA, une des principales maisons de ventes en France.

Les organisateurs espèrent en tirer entre 900 000 et 1,2 million d'euros. Ils avaient annoncé au départ un chiffre de 600 000 euros mais «certaines pièces de grande valeur se sont rajoutées au dernier moment», selon Piasa.

Cette vente pourrait bien faire grimper les enchères. Car si pendant longtemps le petit reporter et ses amis ont surtout intéressé les francophones, toute l'Europe s'y est mise depuis environ 10 ans, et plus récemment la Chine et les États-Unis.

«Les Européens s'y intéressent de plus en plus, les Espagnols, les Suisses, les Allemands, les Scandinaves... Les États-Unis et la Chine commencent», explique Thibaut Van Houte, expert indépendant, en précisant que les médias de l'empire du Milieu ont annoncé leur présence à la vente parisienne.

«C'est certainement lié à une nouvelle traduction, plus précise, des albums en mandarin l'année dernière - traduits une première fois dans les années 80 - et à la collaboration de Tchang Tchong-Jen, un Chinois devenu une légende, qui conseilla son ami Hergé, en 1934, pour la réalisation du Lotus Bleu», ajoute-t-il.

La pièce centrale de la vente est une planche du Sceptre d'Ottokar datant de 1939, évaluée entre 250 000 et 300 000 euros.

Parmi les autres pièces rares qui seront proposées à la vente, une planche crayonnée originale de L'Affaire Tournesol, offerte par Hergé à son médecin traitant, peu de temps avant sa mort. Estimée entre 90 000 et 120 000 euros, selon M. Van Houte, elle n'a jamais été présentée au public.

Une édition originale de Tintin au Congo datant de 1931, estimée entre 18 000 et 20 000 euros, fait également partie de ces pièces rares.

Récemment ajoutés à la collection, une sculpture en bronze représentant Tintin et Milou selon une technique dite «à la cire perdue», signée Nat Neujean et estimée de 100 000 à 120 000 euros, et un dessin en couleurs Tintin et les coquillages, réalisé par Hergé en 1947 pour l'anniversaire de son ami Edouard Cnapelinckx (50 000 à 70 000 euros).

Selon Marcel Wilmet, attaché au musée Hergé en Belgique, «si 80 à 85 % des dessins, planches originales, premières éditions, objets rares ou documents anciens du père de Tintin, sont regroupés au sein du musée, ouvert en 2009 à Louvain-la-Neuve, on estime que 10 à 15% des objets ou dessins ont disparu ou sont dispersés à travers le monde».

L'intérêt grandissant des collectionneurs pour l'oeuvre d'Hergé a fait grimper les prix mais également les contrefaçons, notamment de dédicaces, même si elles restent limitées, selon M. Wilmet. Pour lutter contre les faussaires, un comité de six experts présidé par Sophie Chang, conservatrice du musée Hergé, se réunira deux fois par an à partir de septembre afin d'analyser les oeuvres qui lui seront soumises.

La plus importante vente aux enchères Hergé à ce jour, organisée en 2009 en Belgique, avait rapporté 1,2 million d'euros.