La reprise dans les pays développés devrait être un peu plus vigoureuse que prévu, selon l'OCDE, qui prévient toutefois que la crise de la dette en Europe fait planer des risques «plus élevés» qu'auparavant sur l'économie mondiale.

L'Organisation de coopération et de développement économiques a revu mercredi à la hausse ses prévisions de croissance dans sa zone, qui réunit les principaux pays riches de la planète, où elle attend une progression du PIB de 2,7% en 2010 et 2,8% en 2011, contre 1,9% et 2,5% dans ses précédentes «perspectives économiques», publiées en novembre.

En 2009, il s'était contracté de 3,3%.

«La croissance repart dans la zone de l'OCDE, à des rythmes différents selon les régions, et semble plus dynamique», affirme l'organisation, dont le siège est à Paris. Pour autant, la crise de défiance que traverse la zone euro démontre que «la période de grande instabilité financière qui a débuté en août 2007 n'est pas encore terminée».

Après la plus grave récession depuis l'après-guerre, l'activité devrait ainsi croître de 3,2% par an en 2010 et 2011 aux États-Unis et de 3% puis 2% au Japon.

Cette conjoncture «relativement prometteuse» s'appuie «sur le dynamisme de la croissance des pays émergents», notamment d'Asie, selon l'OCDE.

La reprise sera nettement moins forte dans la zone euro, bien que les prévisions aient aussi été revues en légère hausse: la croissance devrait y être de 1,2% en 2010 et 1,8% en 2011.

Autre signe encourageant, «le taux de chômage de la zone OCDE a désormais atteint son point le plus haut», à 8,5%, précise l'organisation, qui prévient néanmoins que «la croissance de l'emploi reste à la traîne», notamment en Europe et au Japon.

Malgré ces bonnes nouvelles, met en garde le chef économiste de l'organisation, Pier Carlo Padoan, «les risques entourant la reprise mondiale» sont «plus élevés aujourd'hui, en raison de l'instabilité des marchés de la dette souveraine».

Le débat récent sur le bon timing de la sortie de crise semble à ses yeux tranchés: «les mesures exceptionnelles de soutien budgétaire doivent commencer à être supprimées dès à présent, ou d'ici à 2011 au plus tard», et «des programmes d'ajustement structurel devront être mis en oeuvre».

Cela vaut pour la zone euro, mais aussi pour le Japon, le pays le plus endetté, où un programme d'assainissement des finances publiques «crédible» et «précis» est requis.

Dans le même temps, il faut avoir à l'esprit que «l'ampleur et la simultanéité de ces efforts de consolidation budgétaire pourraient avoir des retombées internationales» et il est donc nécessaire de «privilégier les instruments qui nuisent le moins à la croissance», avertit l'OCDE.

Son secrétaire général Angel Gurria a salué les «décisions très courageuses et très difficiles» annoncées par plusieurs gouvernements européens en matière d'austérité. «Les marchés attaquent immédiatement dès qu'ils voient le moindre signe de faiblesse, voilà pourquoi ces annonces (...) sont très importantes», a-t-il souligné.

Ces cures de rigueur commencent à se traduire dans la réalité, avec des perspectives moroses en Grèce, en Espagne et au Portugal.

Pour l'organisation, les «faiblesses fondamentales» de la zone euro subsistent. Les Européens devraient donc consolider leur «architecture institutionnelle» et renforcer la discipline budgétaire et la «surveillance des politiques nationales», avec sanctions à la clé.

Au final, la zone euro doit accoucher d'une «union budgétaire de fait», plaide Pier Carlo Padoan.

Enfin, l'autre risque qui plane sur la reprise est, selon l'OCDE, la résurgence des «déséquilibres mondiaux» qui «recommencent à se creuser», du fait essentiellement de l'expansion de l'économie chinoise.