Grâce à un très bon début d'année, le marché de l'habitation (reventes et mises en chantier) connaîtra un rebond de 9% au Québec en 2010 avant de ralentir au niveau de 2008, l'an prochain. Les prix ne vont pas cesser d'augmenter pour autant.

Les nouvelles prévisions de la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) sont optimistes à la fois pour les marchés de la maison neuve et de la revente: une augmentation de 9% dans les deux cas.

Les mises en chantier reviendront grosso modo à leur niveau de 2008, avec 47 300 coulées de fondation. L'an prochain, elles devraient fortement reculer aux environs de 41 500 logements. Le nombre de nouvelles maisons individuelles progressera plus vite que les logements collectifs.

Les transactions sur le marché de la revente, qui ont fait fi de la récession, vont poursuivre sur leur lancée et atteindre 238 600 cette année, en hausse de 5,9%, et 342 600 l'an prochain.

Pour la revente, la SCHL fonde ses prévisions sur les données du système inter-agences (MLS) de l'Association canadienne de l'immeuble. Le MLS exclut toutes les ventes du propriétaire sans intermédiaire par l'entremise d'internet ou de services comme DuProprio.com. Il n'existe pas de données précises sur la part des transactions réalisées par MLS, mais l'industrie l'évalue à de 70% à 75%. Le chiffre de 342 600 est donc largement en deçà de la réalité, surtout dans un marché de vendeurs, comme c'est le cas depuis quelques années, à Montréal du moins.

La SCHL n'inclut pas dans ses mises en chantier les nouveaux logements issus de la conversion d'immeubles commerciaux ou industriels en copropriétés. Les centaines de condos créés dans les anciens bâtiments de la confiserie Lowney's ou du cigarettier Imperial, par exemple, n'ont jamais figuré dans ses statistiques.

«Dans les deux cas (hors MLS et conversion), il peut s'agir d'une part non négligeable de l'activité», reconnaît Kevin Hughes, économiste principal de la SCHL.

Les données de l'agence reflètent néanmoins assez fidèlement le niveau d'activité et la tendance du marché de l'habitation. Ses prévisions sont d'ailleurs bien voisines de celles de Desjardins qui voit 48 000 mises en chantier cette année, compte tenu du nombre anormalement élevé observé de janvier à avril. «Il y a eu des devancements d'achats en anticipation des hausses de taux d'intérêt et des nouvelles règles fédérales de garanties de prêts par la SCHL», précise Hélène Bégin, économiste principale de l'institution lévisienne. Le tiers environ des prêts hypothécaires est garanti par la SCHL.

L'Indice de l'habitation Desjardins a d'ailleurs reculé le mois dernier sous la pression de hausses de taux déjà observées. Le taux affiché pour le terme d'un an est passé de 3,45% à 3,90%; celui de cinq ans, de 5,25% à 6,10%.

Selon la SCHL, les taux affichés devraient se situer dans des fourchettes de 5,0% à 6,0% pour les prêts d'un an et de 5,6% à 7,2% pour les prêts de trois à cinq ans.

Le prix moyen d'une maison (tous genres confondus) va s'établir à 238 600$ cette année et à 242 600$ l'an prochain.

Dans la région métropolitaine, les prix sont cependant beaucoup plus élevés, avec une moyenne de 293 000$ et 298 000$. Cela cache d'importantes disparités entre une maison dans l'île de Montréal et une autre dans sa banlieue.

Le regain des mises en chantier dans le Grand Montréal sera concentré dans la maison individuelle, en raison d'une rareté de l'offre sur le marché de la revente, précise la SCHL.