La récession a été de courte durée au Canada, et si elle a été brutale dans certaines régions, la suite sera presque aussi difficile, laissent entendre trois nouveaux rapports sur l'économie.

Ces documents ont été publiés mercredi par l'organisme de surveillance du budget fédéral, par Statistique Canada et par le Conference Board, un des principaux organismes de réflexion économique du pays. Les trois s'accordent sur ce que le Canada a perdu pendant la récession et sur les défis qui l'attendent pendant la reprise.

En termes économiques, Statistique Canada a indiqué mercredi que le produit intérieur brut (PIB) du Canada a fondu de 2,9% l'an dernier, soit un peu plus que sa prévision initiale. Les différentes régions du pays n'ont toutefois pas toutes été touchées également.

L'économie de Terre-Neuve-et-Labrador s'est effondrée de 10,2% tandis que deux économies plus petites, celles de l'Île-du-Prince-Édouard et du Yukon, n'ont pas reculé du tout. Parmi les provinces plus riches, l'économie de l'Ontario a cédé 3,1% et celle du Québec, un modeste 1%.

Le Bureau du directeur parlementaire du budget affirme de son côté que d'ici 2014, quand l'économie sera de retour à la normale, le Canada aura subi une perte cumulative de production de 225 milliards.

La récession a débuté à l'automne 2008, après le quasi effondrement financier de Wall Street, et n'a pris fin que l'été dernier. La reprise a été inégale, avec une croissance solide au Canada et dans d'autres pays mais plus faible aux États-Unis. Plusieurs économistes craignent une reprise sans emploi, avec un taux de chômage chroniquement élevé.

Le taux de chômage canadien s'établit actuellement à 8,2%, environ un demi-point en-dessous de son sommet de l'été dernier. Aux États-Unis, la situation de l'emploi s'est légèrement améliorée mais le taux de chômage demeure à 9,7%.

Mais d'ici 2014, prévient Pedro Antunes, du Conference Board, de nouveaux défis se présenteront aux Canadiens et à leurs gouvernements.

Dans un aperçu à long terme, M. Antunes prédit que l'économie canadienne sera frappée de plein fouet en 2014 par les départs à la retraite des membres de la génération du baby-boom. L'impact sera ressenti sur le marché du travail, dans l'économie et dans les budgets des gouvernements.

Cet impact générationnel aurait dû survenir deux ans plus tôt, mais les conditions économiques toujours incertaines, l'augmentation du nombre de femmes plus âgées qui entrent sur le marché du travail et les aînés qui restent ou reviennent au travail en raison de la récession, garantiront un afflux stable de travailleurs d'ici à ce moment.

Conséquemment, dit M. Antunes, l'économie canadienne affichera une croissance relativement robuste de 3,4% entre 2012 et 2015, alors que la Banque du Canada prédit une croissance de 1,9% pendant cette période.

Après 2016, M. Antunes et la banque centrale s'accordent pour prédire une croissance ne dépassant pas 2%.

«L'aperçu économique à court terme pour le Canada est plus reluisant qu'il y a quelques mois, a dit M. Antunes. Au-delà de 2014, toutefois, la croissance économique sera limitée. Un manque de main d'oeuvre découlant d'une vague de départs à la retraite sera la tendance économique lourde jusque vers 2030.»