La générosité spontanée des Canadiens à l'endroit des sinistrés d'Haïti sert aussi notre économie.

Grâce à l'augmentation de 161 millions des ventes de produits chimiques, la valeur de l'ensemble des livraisons manufacturières a progressé de 27 millions, ou 0,1 %, en février.

Une grande part de la croissance des expéditions de cette industrie « est attribuable à l'augmentation des ventes des fabricants de produits pharmaceutiques et de médicaments, découlant en partie des secours médicaux envoyés à Haïti », précise Statistique Canada.

Le bulletin d'ensemble est plutôt mixte puisque 12 des 21 industries du secteur seulement ont enregistré des hausses.

Des facteurs exceptionnels ont grevé les livraisons de plusieurs segments, ce qui laisse croire que la progression observée au cours de huit des neuf derniers mois devrait se poursuivre.

Ainsi, deux incendies dans des raffineries expliquent le repli de 3,9 % des produits du pétrole et du charbon tandis que les déboires de Toyota, qui ont forcé la fermeture de son usine de Woodstock durant une semaine, ont entraîné la diminution de 1,1 % des ventes des fabricants d'automobile.

Les concessionnaires n'ont pas semblé souffrir de cette déveine puisque leurs ventes ont progressé de 8,1 % au cours du mois, selon une autre enquête de l'agence fédérale. Celles des véhicules fabriqués en Amérique du Nord ont progressé davantage que celles des voitures et camionnettes importées.

Enfin, plusieurs fabricants fournisseurs du secteur manufacturier américain ont sans doute souffert de la très vilaine météo au sud de la frontière en février.

« Dans les usines canadiennes, les effectifs ont augmenté de plus de 20 000 en février et mars, ce qui n'est pas signe de ralentissement », note Marc Pinsonneault, économiste principal chez Banque nationale Groupe financier.

En font foi la valeur des commandes en carnet et celle des nouvelles commandes, toutes deux en hausse significative. Bien que les dernières soient encore loin de leurs niveaux d'avant récession, elles progressent depuis juin.

Reste à savoir comment deux forces opposées vont se conjuguer pour la suite des choses. Les pessimistes craignent que la vigueur de notre monnaie nuise aux fabricants dans les mois à venir. « Il faudra mettre les bouchées doubles en matière de productivité si l'industrie manufacturière canadienne vent continuer d'enregistrer des gains comme elle l'a fait au cours des derniers mois », prévient Joëlle Noreau, économiste principal chez Desjardins.

Les optimistes considèrent plutôt que le Canada va profiter du restockage des fabricants et des grossistes à l'échelle mondiale. « Le rebond de l'activité manufacturière des derniers mois est rien de moins que spectaculaire, souligne Millan Mulraine, stratège principal chez TD Valeurs mobilières. C'est une indication que l'économie canadienne continue de tirer profit de la reprise de la demande globale. »

En attendant, le secteur manufacturier contribue à la croissance canadienne. Exprimées en dollars constants, la valeur de ses ventes a gagné 0,3 %, de janvier à février. « Exprimées en volumes, les livraisons sont en hausse pour un sixième mois d'affilée, soulignent Karen Cordes et Derek Holt, économistes chez Scotia Capitaux. C'est une preuve de plus que les taux d'urgence de la Banque du Canada ne sont plus requis. »