Il y aura désormais de la pub sur Twitter. Biz Stone, cofondateur du service de microblogue, l'a officiellement annoncé hier sur son blogue. «Ces dernières années, nous avons résisté à l'introduction d'un modèle traditionnel de publicité sur le web, parce que nous voulions optimiser la valeur de Twitter avant de penser au profit.»

En début d'année 2010, selon Infopresse.com, 50 millions de tweets étaient lancés quotidiennement (600 messages chaque seconde). Et Twitter a compté 70 millions de visiteurs uniques en février. On estime donc avoir été assez patients!

Jusqu'ici, le site créé en 2006 ne pouvait compter que sur les revenus générés par des accords conclus avec les moteurs de recherche Google et Bing. «Nous espérons maintenant que vous partagez notre enthousiasme alors que nous lançons un nouveau service, dit encore Biz Stone sur son blogue. C'est non traditionnel, facile et ça a vraiment du sens pour Twitter.»

Baptisé Tweet promotionnel, le nouveau modèle publicitaire de Twitter offre aux annonceurs de se mettre en valeur devant les yeux des internautes. Ces tweets qui ont l'allure des tweets réguliers s'affichent en tête de liste d'une recherche spécifique. Best Buy, Bravo, Virgin America, Red Bull, Sony Pictures et Starbucks, déjà tous présents sur Twitter, sont les premiers annonceurs à payer pour ce type de visibilité.

«Lorsque des gens rechercheront Starbucks sur Twitter, il sera plus facile de voir nos tweets avec ce nouveau produit, explique Chris Bruzzo, vice-président de la marque, contenu et en ligne de Starbucks. De plus, être la source d'information de notre propre entreprise est important pour nous.»

Les utilisateurs qui consultent Twitter de leur compte personnel ne seront ainsi pas confrontés à la publicité. «De tous les endroits où Twitter pourrait mettre de la publicité, c'est ce qu'il y a de moins gênant», note un analyste américain, cité par l'AFP.

Mais une fois le tweet promotionnel d'une entreprise mis en ligne encore faut-il qu'il suscite un intérêt... «Si un tweet promotionnel n'est pas lu, relancé et repartagé avec la communauté, il disparaîtra», soutient Biz Stone.

À l'heure actuelle, Twitter cherche encore la meilleure façon de calculer la valeur d'un tweet promotionnel. De certifier si une pub est efficace ou non. L'aspect non intrusif du tweet promotionnel ne le rendrait toutefois pas moins efficace, aux yeux de Philippe Le Roux, de Phéromone, agence d'interactions. «C'est plus pertinent qu'une pub de voiture diffusée pendant un discours du premier ministre! juge le président. Google l'a démontré depuis longtemps.»

Premier pas du développement publicitaire de l'entreprise, le tweet promotionnel suscite, pour l'instant, des réactions mitigées. «Twitter considère la publicité comme du contenu», déplore un lecteur sur le site du magazine Adage.

«Les gens ne vont pas déserter Twitter à cause de cela, estime l'analyste Josh Bernoff, de la firme de marketing Forrester Research. C'était inévitable, la technologie a besoin de revenus.»

Des analystes américains estiment à de 100 à 200 millions de dollars les revenus annuels qu'on pourra tirer de ce format publicitaire. Format qui risque de séduire tant les particuliers que les grandes entreprises. «On le voit depuis longtemps dans les Pages Jaunes, souligne Philippe Le Roux. La moitié des petites annonces dans les Pages Jaunes sont publiées par des particuliers. Dans Google AdWords, on s'aperçoit aussi qu'une plus grande partie du chiffre d'affaires provient de petits commerçants. Et Facebook a prévu en 2009 des revenus de 125 millions de dollars généré par la pub de marque, mais 200 millions par les autopublicités.»