Les échanges commerciaux du Canada avec le reste du monde s'intensifient plus vite qu'on ne l'avait cru il y a à peine quelques mois et les perspectives sont plutôt réjouissantes. Le maillon faible de la croissance est en voie de retrouver sa robustesse d'avant la récession.

En février, le surplus s'est établi à 1,395 milliard, à la faveur d'augmentations plus fortes des exportations (2,8%) que des importations (0,9%), indiquait hier Statistique Canada. C'est plus du double des prévisions des experts.

Il s'agissait d'une cinquième augmentation de la valeur et des volumes des ventes à l'étranger en six mois et de l'excédent le plus élevé depuis octobre 2008 alors que le Canada était happé par la récession.

Même si les biens industriels (minéraux et produits chimiques) se sont taillé la part du lion de la croissance, l'augmentation des expéditions à l'étranger était généralisée et diversifiée en termes géographiques.

Les livraisons de produits automobiles ont progressé de 5% alors qu'on s'attendait à un recul puisque Toyota a fermé ses usines pendant une semaine. Le déficit de ce segment s'élève tout de même à 1,5 milliard.

Le fort surplus du secteur de l'énergie résulte à la fois d'une légère augmentation des expéditions (0,8%) et d'une baisse marquée des importations (14,2%). En février, il s'élevait à 5,8 milliards. «C'est peut-être encore loin du record de 7,4 milliards de juin 2008, mais c'est à nouveau au-dessus de la moyenne des cinq dernières années», souligne Douglas Porter, économiste en chef adjoint chez BMO marchés des capitaux.

Le solde positif avec les États-Unis a augmenté de 200 millions à 4,4 milliards tandis que le déficit commercial du Canada avec les autres pays a été ramené de 3,4 à 3,0 milliards. «Cela témoigne d'une certaine volonté des entreprises à diversifier davantage leurs marchés, ce qui constitue une bonne chose dans le contexte d'une plus forte appréciation du huard par rapport au dollar américain», note Benoit P. Durocher, économiste «senior» chez Desjardins.

Indice en hausse

En fait, les exportateurs tirent partie de la reprise mondiale beaucoup plus robuste que prévu. Hier d'ailleurs, l'Organisation de coopération et de développement économique publiait son indicateur économique avancé qui progressait pour le treizième mois d'affilée, en février. «L'indice est en hausse de 13,1% en un an ce qui équivaut au signal le plus fort d'une reprise économique en 35 ans, fait remarquer Stéfane Marion, économiste en chef chez Banque Nationale Groupe financier. Présentement, la production industrielle mondiale se situe à 3% de son sommet pré-récession. Elle atteindra un nouveau sommet dès cet été.»

Depuis leur creux de mai 2009, la valeur des exportations n'a pas cessé d'augmenter, mais elle demeure toujours en deçà de 13% de son sommet historique de mai 2008.

Fait encourageant, les entreprises ont accru leurs achats de machinerie et d'équipement, après deux mois de repli inquiétants. «Un mois ne fait pas une tendance, mais l'amélioration des achats de machinerie corrobore les intentions d'investir révélées par l'Enquête sur les perspectives des entreprises publiée lundi par la Banque du Canada», note Grant Bishop, économiste chez Banque TD Groupe financier.

Il n'en demeure pas moins que les importations de ce segment stratégique accusent un retard de 12,8% sur février 2009, soit près de 1,3 milliard.

Le Canada a profité aussi de la dégradation de la balance commerciale américaine. À hauteur de 39,7 milliards, il a déjoué les experts par son ampleur. L'écart accru est attribuable à une augmentation plus rapide des importations que des exportations, ce qui reflète peut-être un raffermissement de la demande intérieure.