«Pourquoi pas un magazine évolutif dans lequel plus la pub est aimée, mieux elle est placée? réfléchit Carle Coppens. Le quart de page vendu deviendrait alors une demi-page... Une sorte de prime à la qualité.»

Comme plusieurs créatifs d'ici, le directeur de la création de l'agence de publicité BCP voit un monde de possibilités s'ouvrir à lui avec l'arrivée imminente de l'iPad au Canada (le 24 avril). Nouveaux formats publicitaires, pubs qui se métamorphosent, insertions vidéo ou musicales... Tout semble possible sur la tablette d'Apple. «Pour les créatifs, c'est génial. Nous pouvons faire en sorte que les gens aient envie d'interagir avec la pub.»

En février dernier, Carle Coppens et plusieurs confrères ont visionné sur l'internet une vidéo du magazine Wired simulant les nouvelles possibilités rédactionnelles et publicitaires sur l'iPad. «En le regardant, je suis resté assez estomaqué, avoue Carle Coppens. L'iPad permet d'effacer la distinction entre la télé et le web, de donner vie aux publicités.»

«Avec notre doigt, on va pouvoir manipuler l'objet, note Patrick Beauduin, vice-président principal, Créativité de l'agence Le monde de Cossette. On va pouvoir aller plus loin avec l'interactivité, entrer en communication avec les marques. L'iPhone le permettrait, mais son format n'est pas pratique.»

Dans la vidéo de Wired, on voit notamment un lecteur faire tourner une voiture Chevrolet sur elle-même. Scott Dadich, le directeur de création du magazine américain ajoute comme possibilité de présenter les contenus rédactionnels et publicitaires en courts métrages dans la version numérique de son magazine. «Wired rend l'expérience magazine ludique, juge Yanick Bédard, directeur des opérations interactives de l'agence Sid Lee. Pourquoi ne pas le faire pour une grande marque? On pourrait, par exemple, créer pour Adidas son propre médium sur l'iPad.»

Wired n'est pas le seul magazine à penser à son avenir sur l'iPad. En fait, la tablette d'Apple semble être un nouveau poumon pour les médias imprimés. Lorsque les Time et Wall Street Journal ont décidé de proposer leurs applications sur l'internet, à la veille du lancement de l'iPad aux États-Unis (la semaine dernière), les FedEx, Buick, Unilever, Toyota et Coca-Cola ont rapidement répondu à l'appel, dépensant de 75 000$ à 300 000$ pour annoncer, selon un spécialiste américain. Cela dit, on est dans le placement publicitaire et la commandite traditionnels. «Ce qu'on peut faire aujourd'hui sur l'internet, on peut le faire sur l'iPad», note Patrick Beauduin.

Tout reste à créer. «Le bond est équivalent à celui de la radio à la télé», estime Carle Coppens.

«La croyance populaire veut que l'iPad soit un gros iPod touch, dit Alexis Robin, directeur interactif de l'agence lg2. Mais la réalité est différente. L'iPad est un médium plus engageant.»

Il faut maintenant voir la vitesse à laquelle va se vendre le nouveau gadget de Steve Jobs. Le patron d'Apple a affirmé avoir vendu 450 000 iPads aux États-Unis en moins d'une semaine. Pour attirer les clients, il faudra une masse critique d'iPads dans les mains du public, pensent certains. Cela dit, plusieurs annonceurs ont fait connaître à leur agence leur empressement de retrouver leur logo sur la tablette. «Deux clients nous ont demandé de réfléchir à cette nouvelle plateforme», confirme Patrick Beauduin.

Une plateforme publicitaire baptisée iAd, dans laquelle Apple vendra des publicités pour les applications créées par des développeurs externes, sera bientôt mise en place. Ces développeurs obtiendront 60% des revenus publicitaires générés.

«La plupart de nos clients nous ont demandé si ça valait la peine d'annoncer sur l'iPad, souligne Yanick Bédard. On regarde si c'est pertinent. Chez Sid Lee, il y a beaucoup de scepticisme en ce moment. La moitié de notre équipe estime que l'iPad est la huitième merveille du monde. L'autre est plus critique.»

C'est que la technologie risque de freiner l'imagination des créatifs. Depuis 10 ans, le logiciel Flash est l'allié principal des annonceurs qui veulent se faire voir sur l'internet. Or, il n'est pas compatible avec l'iPad. «On ne peut y ouvrir une plateforme Flash, explique Patrick Beauduin. C'est embêtant. On est au carrefour de ce qu'on a vécu avec le Blu-ray et la VHS. Le matériel qui va sur l'iPad ne va pas forcément sur le Kindle d'Amazon. Les fabricants ne s'entendent pas avec la technologie.»

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Le multitâche, pour bientôt

Les appareils iPhone et iPad d'Apple permettront bientôt l'utilisation de plus d'une application à la fois, une caractéristique déjà offerte par les rivaux d'Apple et fréquemment demandée par les propriétaires d'iPhone. Les changements, qui seront intégrés à l'iPhone au cours de l'été et à l'iPad plus tard à l'automne, signifient que les utilisateurs pourront, par exemple, écouter de la musique avec le logiciel Pandora tout en vérifiant leur solde bancaire en ligne. En ce moment, les utilisateurs doivent retourner à l'écran principal d'Apple, quittant du même coup l'application ouverte, avant de lancer une nouvelle tâche.

La mise à jour, baptisée iPhone OS 4, offrira aux utilisateurs une transition plus fluide entre différentes applications, ce que les téléphones rivaux d'Apple font déjà.

Une boîte de courriel unique pour tous les comptes et la possibilité de connecter l'iPhone avec un clavier régulier avec la technologie sans fil Bluetooth seront aussi incluses dans la mise à jour.

- Associated Press