L'économie a continué de donner du travail à plus de Canadiens le mois dernier grâce aux embauches du secteur privé.

D'un océan à l'autre, on comptait 17 900 personnes de plus à détenir un emploi, selon les données de l'Enquête sur la population active de Statistique Canada. C'est un peu moins que les 25 000 jobs espérés par les experts, mais c'était suffisant pour garder à 8,2% le taux des demandeurs d'emploi.

En mars, on comptait au Québec 6300 emplois de plus qu'en février et le taux de chômage a reculé d'un cran à 8,0%. Depuis janvier, le taux québécois est plus faible que la moyenne canadienne, un phénomène inédit jusque là depuis 1976.

«Depuis le creux atteint sur le marché du travail en juillet 2009, le Québec a regagné 56 400 des 69 200 emplois perdus durant la récession», calcule Joëlle Noreau, économiste principale chez Desjardins.

À l'échelle canadienne aussi, la situation est encourageante, sans être à ce point spectaculaire. Les gains des trois premiers mois de l'année (17 900 en mars, 20 900 en février et 43 000 en janvier) représentent le meilleur trimestre depuis l'hiver 2008.

«Si le secteur des services compte 45 000 emplois de plus qu'en octobre 2008, celui des biens est toujours à 286 000 jobs en-deçà de son sommet», fait observer cependant Grant Bishop, de Groupe financier Banque TD.

On peut aussi voir le verre à moitié plein. Le nombre d'emplois est encore à 1,4% de son sommet de l'automne 2007, mais il est de 0,9% plus élevé qu'en mars 2008. «C'est bien mieux que le recul de 1,8% observé aux États-Unis», souligne Benjamin Reitzes, économiste chez BMO Marchés des capitaux.

C'est surtout parmi la cohorte des 15-24 ans que l'emploi reste rare. «Pour celle de 25 ans et plus, le nombre de salariés n'est plus qu'à 0,3% de son sommet d'avant récession», observe Yanick Desnoyers, économiste en chef adjoint au Groupe financier Banque Nationale.

La qualité des nouveaux emplois en mars était variable. Les postes à temps plein détruits ont été plus que compensés par le travail à temps partiel. Toutefois, pour l'ensemble du premier trimestre, le nombre des premiers dépasse celui des seconds.

En mars, l'ensemble des nouveaux postes ont été créés par le secteur privé et concentrés dans la production de biens.

De janvier à mars, les entreprises ont embauché plus de 85 000 personnes. «C'est une donnée cruciale pour assurer la viabilité de la reprise», observe Krishen Rangasamy, économiste chez CIBC Marchés mondiaux. Aux prises avec d'importants déficits, les gouvernements vont comprimer leurs dépenses dans les mois à venir, à mesure que viendront à échéance leurs plans de relance.

La concentration des embauches dans la production des biens est aussi salutaire puisque c'est là que le choc de la récession a été ressenti.

En mars, on a embauché surtout dans la construction (21 000), les ressources naturelles (13 200), le commerce (13 700) et dans les services professionnels et scientifiques (38 400).

On a licencié dans le transport et l'entreposage (19 600), les services aux entreprises (26 300) et dans les autres services (30 000), une catégorie fourre-tout qui regroupe autant le nettoyeur du coin ou le salon de coiffure, que l'émondeur de pommiers ou le réparateur Maytag.

Au Québec, les nouveaux emplois étaient concentrés dans la construction et la santé.

Depuis la relance du marché du travail, l'économie ajoute 22 000 emplois en moyenne par mois. Bien que cette moyenne puisse ralentir au cours des prochains mois, les entreprises devraient continuer d'embaucher. «Nous nous attendons à ce que le taux de chômage diminue doucement tout au long de 2010, prédit Dawn Desjardins, économiste en chef adjoint chez RBC Groupe financier. La reprise stimule l'emploi et un plus grand nombre de personnes se remettent à chercher du travail, ce qui va faire augmenter le taux d'activité.»

Voici les données par province, selon Statistique Canada (le mois précédant est entre parenthèse):

 - Terre-Neuve-et-Labrador 15,5 (14,7)

 - Ile-du-Prince-Edouard 10,8 (10,2)

 - Nouvelle-Ecosse 8,5 (9,3)

 - Nouveau-Brunswick 8,7 (9,1)

 - Québec 8,0 (8,1)

 - Ontario 8,8 (9,1)

 - Manitoba 5,2 (5,4)

 - Saskatchewan 5,1 (4,3)

 - Alberta 7,5 (6,9)

 - Colombie-Britannique 7,9 (7,7)