L'un des plus gros contrats d'informatique dans les services financiers au Québec, évalué à 120 millions de dollars par année, passera bientôt d'un fournisseur d'ici aux mains d'un concurrent d'origine américaine.

Ce sera la conséquence de la décision du Mouvement Desjardins d'écarter la firme montréalaise CGI [[|ticker sym='T.GIB.A'|]] du processus de renouvellement de son contrat principal en informatique. Cette décision a été confirmée hier par les deux parties, après des semaines de rumeurs dans le milieu de l'informatique et de la finance à Montréal.

Desjardins a décidé de restreindre ses négociations avec les filiales canadiennes de deux géants américains de l'informatique: IBM et Hewlett-Packard (HP). L'objectif: convenir d'un nouveau contrat principal de mise à niveau et de gestion de l'essentiel du réseau informatique du géant financier coopératif.

Ce contrat d'une durée de cinq ans succédera en avril 2011 au contrat principal de CGI chez Desjardins, qui parviendra alors à son terme de 10 ans.

En tout, ce contrat aura valu à CGI près de 1,2 milliard de revenus et plusieurs dizaines de millions en profit en 10 ans.

L'annonce de sa fin prochaine a évidemment déçu les actionnaires de CGI. Ils ont laissé choir l'action de 3,5%, à 14,90$, à la Bourse de Toronto, alors que le principal indice de marché était pratiquement inchangé.

Selon Richard Tse, analyste à la Financière Banque Nationale, la perte du contrat de Desjardins par CGI est «nul doute un facteur négatif» parce qu'elle survient «dans sa cour arrière», à Montréal.

Et ce, même si l'impact financier pour CGI s'annonce limité après avril 2011, grâce à la croissance de son carnet de commandes et de ses affaires ailleurs au Canada et aux États-Unis.

Mais chez CGI, au-delà de l'impact financier, on admet que la perte de ce contrat pourrait interpeller d'autres clients potentiels dans le milieu financier, un créneau cible de l'entreprise.

«On va sans doute se faire poser des questions sur ce non-renouvellement de contrat de 10 ans chez un client financier comme Desjardins», a indiqué Lorne Gorber, vice-président et porte-parole de CGI.

«Nous sommes évidemment déçus, mais ça arrive dans notre marché. D'autant que ça découle surtout d'un important changement de la sous-traitance en informatique chez Desjardins.»

À la haute direction de Desjardins, le porte-parole, André Chapleau, confirme que le prochain contrat principal en informatique sera «très différent» de celui qui s'achève avec CGI.

La raison? La gestion de l'informatique chez Desjardins subit une restructuration majeure à l'instar de celle menée depuis l'an dernier dans tout l'appareil administratif du géant financier coopératif.

Avec cette réforme, Desjardins veut retrancher environ 175 millions à ses frais annuels de gestion. Quelque 900 postes administratifs sont en voie d'élimination.

«En informatique, certaines fonctions de notre réseau qui sont en sous-traitance seront rapatriées à l'interne. Par ailleurs, le prochain contrat aura une portée élargie à toutes les instances, au-delà du réseau des caisses populaires», a résumé André Chapleau.

La fin prochaine du contrat principal de CGI impliquera quelque 400 postes à remanier. Mais, selon Lorne Gorber, de CGI, on prévoit que la moitié d'entre eux seront rapatriés chez Desjardins. L'autre moitié, soit 200 postes, seront réaffectés ailleurs au sein de CGI.

Par ailleurs, le non-renouvellement du contrat principal de CGI chez Desjardins ne signifie pas la fin de leurs relations d'affaires. CGI a deux autres contrats de moindre envergure qui dureront encore de cinq à sept ans, et qui lui valent environ 50 millions en revenus annuels.

Il s'agit surtout d'un contrat de gestion des services de paie offert par Desjardins à ses clients d'affaires, ainsi qu'un contrat de services-conseils à diverses instances de l'institution financière.