Une entreprise plus petite, qui dépensera moins et qui compte frapper quelques coups sûrs cette année, à défaut de pouvoir cogner un circuit: c'est le visage que présentera Æterna Zentaris (T.AEZ) en 2010 aux investisseurs.

L'entreprise a fait le point sur ses activités, hier, en dévoilant ses résultats de l'année 2009. La biotech de Québec confirme l'abandon de son ancien produit-vedette, le Cetrorelix, et présente maintenant la perifosine comme son meilleur cheval. Æterna prévoit aussi dépenser presque deux fois moins en recherche et développement cette année qu'en 2009.

«De façon générale, en 2010, nous allons concentrer nos efforts autour du développement de nos composés en stade clinique avancé afin de générer un intérêt accru de la part de partenaires potentiels», a dit hier Juergen Engel, président et chef de la direction.

L'action d'Æterna Zentaris a clôturé à 87 cents, hier, en hausse de 3 cents ou 3,57%. C'est loin des prix supérieurs à 3$ atteints en août dernier, avant que le Cetrorelix, censé guérir une maladie de la prostate, s'avère finalement inefficace.

Quel attrait présente maintenant l'Æterna Zentaris version «post-Cetrorelix?»

«Pour l'instant, les investisseurs sont patients, dit Maher Yaghi, analyste chez Valeurs mobilières Desjardins. Il n'y a pas de grosses annonces à l'horizon. Plus on va avancer, plus ça va être intéressant et plus les investisseurs vont pouvoir évaluer les handicaps ou les chances de succès. Mais il reste pas mal de travail à faire.»

L'abandon du Cetrorelix cache tout de même une bonne nouvelle: Æterna n'a plus à supporter les coûteuses études destinées à tester son produit sur des centaines de patients dans le monde.

L'entreprise prévoit ainsi réduire ses coûts de recherche de 20 millions cette année (ils ont atteint 44 millions l'an dernier), et compte sauver 5 millions supplémentaires en frais divers.

En Allemagne, où l'équipe du Cetrorelix était basée, la force de travail est passée de l'équivalent de 130 employés à temps plein à 85. «On prévoit faire d'autres réductions dans les prochains mois en Allemagne», a dit à La Presse Affaires Dennis Turpin, premier vice-président et chef de la direction financière, sans vouloir les chiffrer.

Produit prometteur

D'où viendra le potentiel de croissance? Le produit le plus prometteur est sans doute la perifosine, qu'on veut utiliser pour soigner diverses formes de cancer. Le projet le plus avancé concerne le myélome multiple, une forme de cancer du sang. L'étude de phase III, dernière étape avant la commercialisation, vient de débuter, mais la direction parle de 18 mois avant de terminer le recrutement des patients.

Le seul produit qui pourrait franchir la batterie de tests réglementaires cette année est un test pour diagnostiquer un déficit d'hormone de croissance. Rien pour faire sauter la banque, selon l'analyste Maher Yaghi.

«En général, les tests diagnostique ne rapportent pas beaucoup et les marges sont faibles», dit-il.

Æterna a enregistré des pertes de 24 millions en 2009, moins que les 62 millions perdus en 2008. Fait inhabituel pour une entreprise qui se consacre à la R&D, Æterna a dégagé un profit de 11,5 millions au quatrième trimestre. Il s'agit en fait d'une anomalie comptable due à la fin du développement de Cetrorelix. Des paiements de son partenaire Sanofi-Aventis étaient censés être encaissés graduellement, mais la fin du programme lui a permis d'encaisser 30,4 millions d'un coup.