Le Groupe Pages Jaunes (T.YLO.UN) lance aujourd'hui une importante campagne publicitaire pour moderniser son image. Le bottin disparaît du logo. Le site web est aussi redessiné. Mais ça prendra plus qu'une nouvelle image pour convaincre les investisseurs.

Les dirigeants de Groupe Pages Jaunes ont travaillé fort ces derniers mois. Ils ont réduit substantiellement leur dette, ont annoncé leur conversion en société par actions avec un dividende intéressant et ont annoncé quatre acquisitions.

Pourtant, le titre de la fiducie de revenu végète depuis plus d'un an autour des 5$ ou 6$, bien loin des 17,20$ de l'hiver 2006.

Dans son bureau de L'Île-des-Soeurs, le grand patron de Groupe Pages Jaunes se fait philosophe: «Je suis très conscient que le marché va reconnaître cette croissance-là quand on va la livrer», avance Marc Tellier.

Cette «croissance-là» repose sur l'internet. Mais attention, avertit le président: «La courbe négative sur le produit en papier (lire les annuaires) est beaucoup plus plate que plusieurs ne le pensent... Je ne m'attends pas à ce que l'imprimé soit en chute libre.»

À preuve, l'an dernier, en pleine récession, il a perdu à peine 1% de son secteur de l'imprimé. «Ce qui est quand même pas pire quand on compare aux journaux et aux magazines.»

Actuellement, Groupe Pages Jaunes tire 82% de ses revenus du secteur de l'imprimé. C'est beaucoup. Mais les 18% (ou 304 millions de dollars) associés au web amènent M. Tellier à faire ce constat.

«On est la plus grosse compagnie internet au pays.»

Avec ses 10,8 millions de visiteurs uniques par mois, les sites de Groupe Pages Jaunes arrivent en effet au premier rang des entreprises canadiennes, derrière les Google, Yahoo! et autres. Une réalité sur laquelle mise l'entreprise dans sa nouvelle campagne plutôt comique.

Red Flag Deal

Une des dernières acquisitions de Pages Jaunes illustre bien ce que Marc Tellier a envie de faire avec son groupe. Le site internet RedFlagDeal.com donne une multitude de bons de réduction dans des secteurs variés. Hier, le site offrait par exemple des tarifs promotionnels pour l'hôtel Luxor, de Las Vegas, et des ordinateurs portables soldés.

Dans un premier temps, le site de Pages Jaunes offre un lien qui permet à l'internaute d'être redirigé vers le site de Red Flag. Ensuite, les offres apparaîtront directement sur le site de Pages Jaunes.

Mais il y a une autre étape qui intéresse le grand patron: prendre ces bons de réduction et les envoyer, par téléphone, aux clients qui se seront inscrits et qui débarquent dans le terrain de stationnement d'une entreprise. Le client n'aura plus qu'à tendre son téléphone à la caissière.

«Ça, évidemment, on parle d'un horizon de 36 à 48 mois. C'est de cette façon qu'on veut se positionner.»

Des analystes prudents

Des 12 analystes qui suivent le titre et qui sont répertoriés par Bloomberg, cinq en recommandent l'achat, autant de le conserver et deux de le vendre. Le prix cible moyen sur un an est de 6,13$, comparativement à 6,04$ à la fermeture hier.

David Lambert, de Canaccord Capital, fait partie des optimistes. Mais il reconnaît que ses collègues ne partagent pas tous son enthousiasme.

En fait, il aurait souhaité que la fiducie Pages Jaunes offre un dividende annuel de 50 cents et non de 65 cents comme elle l'a fait au moment de l'annonce de sa conversion. Le niveau annoncé entretient l'idée dans le marché qu'il devra être éventuellement réduit, selon lui.

«Pour le moment, s'ils sont capables de convaincre le marché qu'ils sont capables de garder leurs revenus stables, tu vas voir l'action monter à 7$», prévoit-il.