Sans être inquiétante, la progression des prix au Canada, amorcée l'automne dernier, est un peu plus rapide que prévu.

En février, l'indice des prix à la consommation (IPC) a progressé de 0,4 %. Le taux annuel d'inflation est néanmoins passé de 1,9 % à 1,6 %, a indiqué Statistique Canada. Les experts avaient plutôt tablé sur un rythme annuel de 1,4 %

Au Québec, la hausse mensuelle a été contenue à 0,2 %, mais le taux annuel d'inflation s'élevait à 1,7 %.

Les prix des aliments, de l'ameublement, de l'habillement, des loisirs et de l'hébergement ainsi que ceux des boissons alcoolisées et du tabac ont tous augmenté. Ceux des transports et de la santé ont légèrement diminué de janvier à février, mais ils accusent une progression annuelle plus élevée que l'IPC.

Au cours du mois, la composante loisirs, formation et lecture a été propulsée par le bond historique de 18 % dans les services aux voyageurs à cause de la tenue des Jeux olympiques.

« Habituellement, le prix des services de voyage augmente toujours en février, entre 5 % et 7 %, mais jamais autant », s'étonne Marie-Claude Guillotte, économiste chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne.

Cette composante s'intègre complètement à l'indice de référence (IPCX) de la Banque du Canada. Celui-ci a bondi de sept dixièmes au cours du mois et trottait au rythme annuel de 2,1 %, soit un cran de plus qu'en janvier.

« Même en excluant cette composante, l'indice de référence aurait progressé autour de 1,8 %, ce qui reste davantage que les attentes de 1,6 % des experts. Cela a de quoi surprendre, étant donné les capacités non utilisées dans l'économie canadienne », notre Grant Bishop, économiste au Groupe financier Banque TD.

Ces mêmes experts paraissent divisés sur la direction des prix au cours des prochains mois. Ainsi, selon Krishen Rangasamy, de Marchés mondiaux CIBC, « avec un renversement des tarifs hôteliers dans l'après-Olympiques, attendons-nous à des pressions à la baisse sur l'inflation de référence ».

Yanick Desnoyers et Marco Lettieri, économistes à la Financière Banque Nationale (FBN), ne sont pas du tout d'accord. « Même en supposant que le sursaut des loisirs fasse reculer de 0,2 point de pourcentage l'IPCX en mars, celui-ci remontera d'autant en avril car plusieurs provinces relèveront leurs tarifs d'électricité.

(À la différence de l'indice de référence américain qui exclut l'ensemble des aliments et de l'énergie jugés trop volatiles, celui de la Banque du Canada exclut huit éléments, mais pas l'électricité, ni la viande ou les céréales.)

Le prix des voitures est en hausse de 3,5 % par rapport à février 2009, date à laquelle ils étaient en baisse de 5,9 % sur l'année précédente. Il nourrit l'IPCX.

En janvier, la Banque du Canada prévoyait que son indice de référence allait progresser de 1,6 % en rythme annuel au premier trimestre, ce qui paraît désormais peu plausible, et de 1,7 % seulement au deuxième.

« L'inflation de base reste étonnamment tenace au Canada, note Douglas Porter, économiste en chef adjoint chez BMO Marchés des capitaux. Ni l'effet retardé de la récession ni la résurgence du huard ne parviennent à contenir les prix. »

Tout comme le rythme d'inflation, la vigueur de l'économie déjoue les prévisions jugées follement optimistes il y a quelques mois à peine. Voilà pourquoi il augmente d'un point de pourcentage à 4,7 % sa prévision de croissance annualisée pour le premier trimestre et porte de 3,0 % à 3,2 % celle pour l'ensemble de 2010.

Comme la FBN, M. Porter n'écarte plus la possibilité que les autorités monétaires choisissent de hausser le taux directeur avant le 30 juin, étant donné la croissance et l'inflation.

Comme presque tous les experts, il s'attend toutefois à ce que la Banque choisisse de passer à l'action en juillet. Ceux qui rêvent encore qu'elle ne bougera pas avant la Réserve fédérale devront changer leur fusil d'épaule quitte à voir la parité des dollars canadien et américain perdurer.



Voici le taux pour les provinces et territoires (le taux du mois précédent figure entre parenthèses):

- Terre-Neuve-et-Labrador 2,6 (3,2)

- Ile-du-Prince-Edouard 2,7 (4,0)

- Nouvelle-Ecosse 2,3 (3,1)

- Nouveau-Brunswick 3,2 (3,9)

- Québec 1,7 (2,2)

- Ontario 1,8 (1,9)

- Manitoba 1,3 (1,7)

- Saskatchewan 1,0 (1,6)

- Alberta 1,0 (1,7)

- Colombie-Britannique 1,2 (0,7)

- Whitehorse, Yukon 0,6 (0,8)

- Yellowknife, T.-N.-O. 2,5 (2,2)

- Iqaluit, Nunavut -0,6 (-0,4)

Voici le taux pour les grandes villes canadiennes:

- Saint-Jean, T.-N.-L., 2,4 (3,0)

- Charlottetown-Summerside, 2,4 (3,8)

- Halifax, 2,1 (2,8)

- Saint-Jean, N.-B., 3,4 (3,9)

- Québec, 2,0 (2,5)

- Montréal, 1,6 (2,1)

- Ottawa, 1,9 (1,9)

- Toronto, 1,7 (1,8)

- Thunder Bay, Ont., 1,1 (1,3)

- Winnipeg, 1,2 (1,6)

- Regina, 1,3 (1,9)

- Saskatoon, 0,8 (1,4)

- Edmonton, 1,2 (1,8)

- Calgary, 0,7 (1,4)

- Vancouver, 1,2 (1,0)

- Victoria, 1,0 (0,5)

Avec La Presse Canadienne