L'écart continue de s'accroître entre la situation financière des stations de télévision conventionnelle et celle des télédistributeurs canadiens.

À quelques jours de rendre une décision fort attendue qui pourrait venir en aide aux télédiffuseurs, dont TVA, V et Radio-Canada, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a publié jeudi les plus récentes statistiques sur les résultats financiers de l'industrie.

On y apprend que les revenus des stations de télévision conventionnelle, plombés par la chute des recettes publicitaires, ont dégringolé de 7,9 pour cent en moyenne au Canada en 2009, alors que ceux des câblodistributeurs et des distributeurs par satellite ont bondi de 10,7 pour cent.

Certes, la croissance du chiffre d'affaires des distributeurs a ralenti lorsqu'on la compare à celle des années précédentes. Mais au même moment, le recul des revenus des télédiffuseurs s'est accéléré.

Au Québec, les télédiffuseurs conventionnels privés ont particulièrement souffert de la fonte des recettes publicitaires: celles-ci ont chuté de 19,5 pour cent en moyenne dans les marchés locaux et de 13 pour cent dans le marché national. Au total, les revenus des stations privées québécoises ont fléchi de 8,8 pour cent, soit davantage que la moyenne canadienne de 7,9 pour cent.

Dans l'ensemble des stations privées du Canada, les ventes de publicité locale ont reculé de 10,1 pour cent, tandis que du côté de la publicité nationale, la baisse a atteint 10,3 pour cent.

Malgré tout, les stations de télévision privées du Québec, prises globalement, ont réussi à demeurer rentables en 2009, avec une marge bénéficiaire (avant intérêts et impôts) moyenne de 5,5 pour cent. Dans l'ensemble du Canada, les télédiffuseurs privés conventionnels ont enregistré une marge négative de 5,9 pour cent.

Notons que les sommes investies dans l'achat d'émissions ont diminué de 4,7 pour cent au Québec, alors qu'elles ont crû de 2,7 pour cent dans l'ensemble du Canada. De plus, le nombre d'effectifs des stations de télévision privées a reculé de 8,9 pour cent au Canada, mais de 18,5 pour cent au Québec.

Lundi, le CRTC doit annoncer s'il oblige les distributeurs à verser aux stations de télévision conventionnelle des redevances d'abonnement afin de pouvoir retransmettre leurs signaux, comme ils le font déjà au bénéfice des canaux spécialisés. L'organisme réglementaire pourrait également accroître le temps d'antenne réservé aux publicités.

Les télédiffuseurs plaident depuis des années qu'ils devraient pouvoir toucher des redevances d'abonnement afin de mieux financer l'acquisition et la production d'émissions. A l'heure actuelle, les distributeurs ne versent rien aux stations de télévision conventionnelle.

Distributeurs en santé

Le CRTC a fait remarquer jeudi que les distributeurs avaient «maintenu un excellent bilan» en 2009.

C'est plus particulièrement le cas des câblodistributeurs comme Vidéotron, Cogeco Câble (TSX:CCA), Rogers (TSX:RCI.B) et Shaw (TSX:SJR.B). Leurs revenus globaux sont passés de 8,2 milliards $ en 2008 à 9,2 milliards $ en 2009, une hausse de 11,9 pour cent. Il faut dire qu'au cours des deux années précédentes, la croissance avait atteint 16 pour cent.

La marge bénéficiaire (avant intérêts et impôts) a peu évolué par rapport à 2008, s'élevant en moyenne à 25,1 pour cent des revenus pour l'ensemble des câblodistributeurs canadiens. Vidéotron est de loin l'entreprise la plus rentable du secteur.

Pour ce qui est des distributeurs par satellite comme Bell Télé et Shaw Direct, leurs revenus ont augmenté de sept pour cent en 2009 pour atteindre 2,2 milliards $. Leur marge bénéficiaire est toutefois passée de 4 à 3,7 pour cent en un an.