Pour le quatrième mois d'affilée, le Canada est parvenu à dégager un léger surplus commercial en janvier, bien que le rythme de la croissance de ses exportations ait ralenti.

L'excédent s'élève à 799 millions, le plus important en 10 mois, a indiqué hier Statistique Canada. L'agence fédérale a aussi révisé les données de décembre : le déficit de 246 millions s'est transformé en un modeste solde positif

de 75 millions.

Ces données encourageantes en apparence masquent cependant une réalité qui risque de s'affirmer au cours des prochains mois. La croissance soutenue des expéditions à l'étranger de métaux et alliages, de produits énergétiques, agricoles et forestiers et d'engrais est en grande partie compensée par la baisse des livraisons de machines, d'équipement et de produits automobiles.

Même s'il s'agissait de la cinquième augmentation des exportations d'affilée, leur valeur a crû de seulement 0,5 % au cours du mois. Exprimées en volume, les expéditions canadiennes à l'étranger ont même reculé de 0,3 %.

Demande américaine

La valeur des livraisons vers les États-Unis a diminué de 0,6 % alors qu'elle a augmenté de 3,8 %, ailleurs dans le monde. Cela reflète la mollesse de la demande intérieure américaine. Le surplus dans nos échanges avec notre grand voisin a d'ailleurs rétréci de 61 millions, à hauteur de 4,14 milliards.

Le Canada a en revanche amélioré le solde de ses échanges avec le Japon, l'Union européenne et les autres pays de l'OCDE.

Fait assez singulier, les importations canadiennes étaient aussi à la baisse en janvier, poussées par la chute des achats de pétrole et de produits automobiles, mais aussi de machines et d'équipement.

« Il semble bien que les entreprises canadiennes hésitent encore à importer des outils pour accroître leur productivité en dépit de la force de notre monnaie », déplore Benjamin Reitzes, économiste chez BMO Marchés des capitaux.

« Cela suggère que les manufacturiers exportateurs canadiens préfèrent attendre que la reprise américaine soit plus enracinée avant d'investir en capital plutôt que de tirer profit de meilleurs prix pour les importations compte tenu de la force du huard », observe pour sa part Diana Petramala, économiste chez Groupe financier Banque TD.

Ces remarques sont d'autant plus d'à-propos que Statistique Canada rapportait aussi hier que le taux d'utilisation de la capacité industrielle canadienne a augmenté plus vite que prévu au quatrième trimestre. Même s'il reste faible à 70,9 % par rapport à ses niveaux d'avant récession, il progresse rapidement depuis l'été. « Cela laisse penser que les entreprises canadiennes tardent à chercher à améliorer la productivité du travail qui a stagné au cours des dernières années », juge Marc Pinsonneault, économiste à la Financière Banque Nationale.

Cela est d'autant inquiétant que la Banque du Canada ne pourra plus maintenir bien longtemps l'accommodement monétaire extraordinaire actuel qui favorise les emprunts bon marché.

La faiblesse des importations suscite une autre inquiétude. « Il pourrait s'agir d'un signe avant-coureur d'un éventuel essoufflement de la demande intérieure », évoquent Benoit P. Durocher et Francis Généreux de Desjardins.

L'affaiblissement des échanges commerciaux entre le Canada et les États-Unis fait aussi ressortir davantage l'urgence d'exploiter de nouveaux marchés où la croissance est et restera robuste.

En 2009, les États-Unis ont absorbé 75 % des exportations canadiennes, rappelle Peter G. Hall, vice-président et économiste en chef d'Exportation et développement Canada. C'est mieux que les 87 % de 2002, mais c'est encore beaucoup, plaide-t-il. « La diversification n'est pas seulement dictée par la prudence. Dans la conjoncture actuelle, elle est en fait le gage d'une prospérité accrue à long terme.