L'hiver doux et la reprise robuste de l'économie stimulent la construction résidentielle au pays et dans la région de Montréal en particulier.

Le nombre réel de mises en chantier s'est établi à 10 983 d'un océan à l'autre le mois dernier, dont 1947 au Québec, selon la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL). En février 2009, alors que le froid et la récession mordaient le moral des Canadiens, les coulées de fondation avaient été limitées à 6299, dont 1410 seulement dans la société distincte.

Dans l'agglomération métropolitaine, on assiste au même phénomène: 1182 unités nouvelles, comparativement à 795 un an plus tôt.

«Nous prévoyons une augmentation des mises en chantier en 2010 dans la région de Montréal, principalement attribuable à la reprise économique, aux conditions d'emprunt favorables et à la rareté de l'offre sur le marché de la revente», précise Bertrand Recher, analyste principal de marché à la SCHL.

La TVH fait peur

À l'échelle canadienne, les hausses les plus fortes ont été enregistrées en Ontario et en Colombie-Britannique. L'entrée en vigueur de la taxe de vente harmonisée (TVH) dans ces deux provinces incite plusieurs acheteurs à devancer leur transaction.

À partir du 1er juillet, les Ontariens devront payer une TVH de 13% (au lieu d'une TPS de 5%) sur les logements neufs de 400 000$ et plus. En Colombie-Britannique, la TVH passe de 5% à 12% pour les habitations de 525 000$ et plus.

Dans ces deux provinces, de tels prix sont beaucoup plus fréquents qu'au Québec.

Si on annualise et désaisonnalise les données (DDA) comme le fait la SCHL, on constate que les mises en chantier ont ralenti entre janvier et février au Québec, contrairement au Canada dans son ensemble.

«Après avoir dépassé la barre des 50 000 logements au cours des deux mois précédents, le nombre de mises en chantier à fléchi de 13,3% en février pour se situer à 47 800 logements, un rythme très respectable», soutient Sébastien Lavoie, économiste en chef adjoint chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne.

Au-delà des 50 000 logements, le rythme paraît insoutenable, compte tenu de l'augmentation du nombre de ménages. «Une certaine stabilité pourrait donc être observée au sein des mises en chantier québécoises au cours des prochains mois», prédit Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins.

Hausse de la valeur

L'Enquête sur les permis de bâtir de Statistique Canada publiée la semaine dernière indique que leur valeur avait bondi de 26,2% en janvier au Québec. Généralement, les permis se transforment en coulées de fondation dans les deux, trois mois suivants. Cela présage donc d'une activité soutenue au printemps qui viendra compenser une diminution prévisible des activités de rénovation. Les programmes de subventions d'Ottawa et de Québec sont maintenant échus.

À l'échelle canadienne, les DDA font état 196 700 mises en chantier, le rythme le plus élevé depuis octobre 2008. Les mises en chantier ont rebondi de 76% depuis leur creux de la récession. «Il s'agit d'un contraste frappant avec les États-Unis où la construction a fonctionné tant bien que mal l'an dernier», note Robert Kavcic, économiste chez BMO Marchés des capitaux.

Le ralentissement de l'activité prévue en Ontario et en Colombie-Britannique en seconde moitié d'année ne se répandra pas nécessairement ailleurs, compte tenu de la vigueur du marché de la revente. «Alors que la construction avait traîné durant 20 mois au cours de la récession précédente (1990-1992), la reprise en cours ne montre aucun signe d'essoufflement», remarque Pascal Gauthier, économiste au Groupe financier Banque TD.

En font foi d'ailleurs les résultats du 17e sondage annuel de RBC Groupe financier. Un répondant sur dix prévoit s'acheter une maison d'ici 2012. C'est cinq points de pourcentage de plus qu'il y a deux ans. Chez les 18-24 ans, la proportion atteint 15%, le double ou presque d'il y a un an.