Le groupe anglo-canadien d'information financière et professionnelle Thomson Reuters a vu son bénéfice net chuter de plus de 35% en 2009, à 844 millions de dollars, avec une dégradation accélérée au quatrième trimestre, et il a tablé sur une stagnation au mieux en 2010.

Au quatrième trimestre la chute du bénéfice net a dépassé 68%, pour s'établir à 177 millions de dollars.

Mais le chiffre d'affaires s'est globalement maintenu, atteignant 3,357 milliards de dollars sur le dernier trimestre (-1%), et il a progressé de 11% sur l'ensemble de l'année à 12,997 milliards de dollars.

«Malgré le pire environnement qu'on ait jamais vu, Thomson Reuters a été capable de maintenir ou d'améliorer nos résultats de l'année précédente, avec des recettes comparables à 2008 et une marge opérationnelle sous-jacente en augmentation», s'est félicité le directeur général Thomas Glocer, cité dans un communiqué.

«Vu l'amélioration de nos chiffres de vente, je suis convaincu que 2009 a représenté le fond du cycle de ventes pour nous et que 2010 verra le point bas correspondant des recettes publiées», a-t-il précisé.

Le chiffre d'affaires de 2010 est donc attendu «stable ou légèrement en baisse», hors effet de change, en raison de l'impact des ventes plus faibles de 2009.

«Je prévois que nous reviendrons à la croissance du chiffre d'affaires au second semestre de 2010», a précisé M. Glocer, indiquant lors d'une téléconférence avec des journalistes qu'il prévoyait «une année en U».

Il a toutefois précisé qu'il fallait s'attendre à ce que des «investissements ciblés» pèsent sur la marge opérationnelle à court terme.

Du coup l'action perdait 1,17% à 34,65$ à l'ouverture de la Bourse, alors que globalement le marché était en hausse.

Les investissements prévus par le groupe concernent des activités «de croissance plus forte», comme les services de fiscalité et comptabilité, les services aux entreprises et les activités dans le domaine de la santé et des sciences, ainsi que les marchés émergents.

Le groupe s'est par ailleurs félicité du lancement réussi, au début du mois, d'une nouvelle plateforme d'informations juridiques à destination des professionnels du droit, Weslaw Next, fruit de cinq ans de travail, «avec de premiers chiffres de ventes dépassant (les) objectifs de lancement».

Enfin, il a précisé que les objectifs d'économie fixés à la suite du rachat en 2008 du britannique Reuters par le canadien Thomson Corp avaient été dépassés, pour atteindre 1,1 milliard de dollars en rythme annuel, soit 300 millions de plus que prévu, et 1,6 milliards.

«Nous avons réussi à réduire des coûts importants sans nous en prendre aux être humains», a souligné M. Glocer, expliquant que «la stratégie a été d'être très dur sur les dépenses au jour le jour», comme les frais de voyages, de consultants ou d'immobilier.

Il s'est refusé à fixer des objectifs en terme de réduction ou de maintien des effectifs, mais il a indiqué qu'il n'y avait pas de «changement important» à attendre.

Dans l'activité médias, le chiffre d'affaires annuel a reculé de 8%, en raison de la faiblesse des publications professionnelles et de la publicité. L'agence de presse a vu ses recettes décliner de 5% «en raison de la poursuite de la consolidation des médias professionnels et des contraintes budgétaires des clients».

L'analyste Thomas Singlehurst, de Citi, a salué une présentation montrant que «Thomson Reuters maintient la pression sur ses concurrents aux dépens des marges à court terme». «Mais le fait que les ventes nettes aient passé un cap et que les économies dépassent les attentes est une importante source de réconfort», a-t-il ajouté.