Les nombreuses hausses de tarifs que concocte le gouvernement de Jean Charest pour retrouver l'équilibre budgétaire s'inscriront dans le cadre d'une «révolution culturelle», rien de moins, a prévenu lundi le ministre des Finances, Raymond Bachand.

Dans une allocution prononcé à la tribune du Conseil du patronat, M. Bachand a évoqué non seulement des augmentations de tarifs, mais également de nouvelles ponctions.

«Si on est capables de réfléchir à chaque service (...) - qu'est-ce qui est juste que je paye, qu'est-ce qui est juste que la collectivité paye? - on va commencer, je pense, à faire la révolution culturelle qui va faire qu'on va ultimement trouver ensemble une bonne solution», a-t-il déclaré, en assurant qu'il n'y avait «pas une seule bonne réponse».

Le ministre a donné l'exemple des motocyclistes, qui payent plus cher leur permis de conduire pour tenir compte du coût plus élevé des soins de santé qu'ils font porter, en moyenne, au gouvernement.

Il a également salué le sens des responsabilité des chasseurs du Québec, qui ont réclamé plus de services de l'État tout en acceptant de payer davantage pour leurs permis.

«Il faut faire ça de façon évolutive», a indiqué M. Bachand en parlant des hausses tarifaires, en faisant un parallèle avec les dommages causés par l'envoi à la retraite de milliers d'employés du secteur de la santé, à la fin des années 90.

Alors que Québec est à couteaux tirés avec les syndicats du secteur privé au sujet du renouvellement des conventions collectives, le ministre a répété que les ministères devaient «repenser» leurs façons de faire.

«Le vrai gain, ce n'est pas de couper les services, c'est de faire différemment, a-t-il soutenu. (...) En santé, il y a beaucoup d'espaces de productivité.»

Raymond Bachand a tenu à souligner qu'en comparaison avec l'Ontario, les services qu'offre le Québec à ses citoyens lui coûtent 17,5 milliards de plus par année. C'est d'abord parce que le Québec offre plus de services, mais aussi parce que les utilisateurs sont davantage mis à contribution en Ontario, a-t-il noté.

Interrogé sur le sujet en point de presse, il a nié vouloir ramener l'offre de services québécoises à celle de l'Ontario.

Budget

À un mois du dépôt de son budget, Raymond Bachand s'est montré peu bavard sur ce que le document contiendrait. On sait que Québec veut réduire ses dépenses de 3,9 milliards par année d'ici 2013-2014, afin de retrouver l'équilibre budgétaire à ce moment.

Jusqu'ici, les consultations prébudgétaires, menées auprès de quelque 70 groupes de divers horizons, ont été peu concluantes.

«Ce qu'on constate, c'est que les gens disent tous "oui, il faut couper les dépenses, mais pas les miennes, et monter les tarifs, monter les taxes, mais pas les miens, ceux d'un autre"», a lancé le ministre.

M. Bachand entend maintenir les mesures de relance économique mises en place l'an dernier, notamment celles qui visent à venir en aide aux entreprises.

M. Bachand s'est dit peu enclin à augmenter les impôts des particuliers et des entreprises, soulignant qu'une telle décision ferait plus de mal à l'économie qu'une hausse de la TVQ, déjà prévue pour le 1er janvier 2011.