À voir les déboires d'entreprises comme Conjuchem, Ambrilia ou Medicure, on pourrait croire que tout le secteur de la santé est en train de s'écrouler en Bourse. Faux, montre une étude du groupe Equicom: les 32 plus grandes entreprises du secteur ont même très bien performé l'an dernier, offrant un rendement boursier de... 100%.

Malgré une année caractérisée par la rareté du capital, les plus grosses entreprises de santé ont donc largement dépassé la performance de l'indice TSX, qui a atteint 31% en 2009.

Mieux: parmi les 32 poids lourds du secteur, seulement six ont vu leur titre reculer en Bourse l'an dernier.

Surpris? Vous n'êtes pas le seul.

«La perception des investisseurs ne correspond peut-être pas à cette performance», admettent les auteurs de l'étude.

D'où vient cet écart de perception? Les auteurs soulignent qu'une biotech qui voit l'un de ses produits-vedettes échouer à un test important doit s'attendre à faire les manchettes et voir son action s'écrouler, des événements qui marquent les investisseurs.

En août dernier, par exemple, l'action de la biotech de Québec AEterna Zentaris avait décroché de 66% quand son produit-vedette avait raté un test crucial à la surprise générale.

À l'inverse, les petits progrès passent souvent inaperçus.

Prenons le même exemple. Après son plongeon de 66%, AEterna Zentaris a encaissé une autre dégringolade de 16% en décembre quand le même produit a échoué à une étude pour la deuxième fois consécutive.

Reste que malgré ces déboires très médiatisés, AEterna a conclu l'année non pas avec une perte, mais bien avec un gain boursier... de 47%.

Une partie des résultats surprenants de l'étude d'Equicom s'explique par le fait que la firme n'analyse pas seulement la performance des entreprises qui développent des médicaments (un secteur d'activité très risqué), mais aussi le rendement de celles qui développent des tests diagnostics, de l'équipement médical ou des services.

Reste que même le secteur «thérapeutique», donc le plus risqué, a enregistré une performance de 43% l'an dernier. Ce sont les entreprises de la catégorie des «services de santé» qui ont le mieux performé avec un rendement de 140%.

«Le fait que l'industrie de la santé soit rentable et génère des profits n'est pas surprenant, dit Frank Béraud, directeur aux politiques et développement stratégique chez Bioquébec. Avec la population vieillissante et les soins de santé qui sont de plus en plus en demande, les sociétés qui sont dans le secteur en profitent.»

M. Béraud croit que le portrait aurait probablement été moins reluisant si les plus petites entreprises avaient été incluses dans l'étude.

«Ça montre malgré tout que, si on choisit judicieusement et qu'on sélectionne bien ses chevaux, c'est un secteur avec lequel on peut faire du rendement», dit-il.

L'étude souligne que les bons rendements de 2009 ont été obtenus dans un contexte financier difficile et sans que les entreprises n'accouchent de coups d'éclat. Le dernier appel public à l'épargne dans le domaine de la santé sur le TSX remonte à 2007, et 2009 n'a accouché d'aucun des deux événements qui soulèvent habituellement l'enthousiasme des investisseurs: une acquisition majeure ou des résultats positifs de phase III sur un médicament appelé à devenir un blockbuster.

«L'absence de ces coups de circuit dans la liste des entreprises canadiennes est exacerbée par ce qui semble être un flot continu d'événements majeurs en provenance des États-Unis», écrivent les auteurs.

Selon eux, plusieurs sociétés devront encore aborder l'année avec le mantra «la survie d'abord, le succès ensuite» en tête.

Parmi les entreprises qui attendent des résultats à surveiller cette année, les auteurs pointent les québécoises Theratechnologies, Labopharm et Bioniche. Cardiome Pharma, Cipher, Wex Pharmaceuticals et Oncolytics Biotech font aussi partie de la liste.