Dès l'été prochain, l'économie canadienne aura renoué avec l'expansion. Après un rebond de 3,3% sur une base annualisée durant l'automne, le produit intérieur brut (PIB) va accélérer sa croissance cet hiver et au printemps prochain et rattraper le retard perdu à cause de la récession.Banque du Canada

Selon les nouvelles projections de la Banque du Canada, la taille de l'économie va gonfler de 3,5% et 4,3% durant les deux premiers trimestres, plutôt que les 3,8% envisagés l'automne dernier. Cela devrait suffire pour que l'économie retrouve sa taille de juillet 2008, qui correspond au sommet du dernier cycle économique.

Dans la dernière livraison du Rapport sur la politique monétaire, la Banque précise que la demande intérieure sera robuste et stimulera les importations, alors que les exportations progresseront modestement. Au net, le commerce extérieur comprimera la croissance cette année. En 2011, le solde de nos volumes d'échanges avec l'étranger pourrait favoriser l'expansion pour la première fois en trois ans.

La Banque reconnaît d'ailleurs que l'économie mondiale progresse plus vite qu'elle ne s'y s'attendait, ce qui ne peut que stimuler la demande pour nos biens et ressources.

«Les révisions à la hausse de ses projections de la croissance mondiale et canadienne sont un autre signal que la Banque prend ses distances d'un taux directeur dicté par l'urgence, estiment Derek Holt et Karen Cordes, de Scotia Capitaux. À notre avis, elle va augmenter son taux directeur de 200 points (deux points de pourcentage) entre le deuxième semestre et le printemps 2011.»

Depuis avril, le taux cible de financement à un jour de la Banque est fixé à son niveau plancher de 0,25%.

La Banque constate d'ailleurs que «l'inflation mesurée par l'indice de référence est demeurée légèrement supérieure aux projections des derniers mois».

Cela l'amène à réviser à la hausse ses projections de l'augmentation du coût de la vie pour l'ensemble de 2010. Elle réitère néanmoins que ce n'est pas avant l'été 2011 que l'indice des prix à la consommation aura atteint sa cible de 2,0% en rythme annuel.

En octobre, les autorités monétaires projetaient que le taux d'inflation allait osciller entre 1,3% et 1,6%, cette année. Désormais, elle voit l'Indice des prix à la consommation (IPC) global grimper à 1,8% dès le printemps, alors que le taux directeur de la Banque doit en principe demeurer à 0,25% jusqu'au 30 juin.

Normalement, la politique monétaire ne doit plus être accommodante quand l'inflation atteint la cible. Un taux directeur neutre avoisine plutôt les 4,0% à 4,5%. Au-delà, on parle de politique monétaire restrictive menée pour éviter une surchauffe.

La Banque soutient que le rythme d'inflation va plafonner dès l'été prochain en raison du potentiel de production de l'économie qui n'est pas exploité.

L'économie fonctionnerait présentement à 96,75% de ses capacités. Ce ne serait pas avant l'été 2011 qu'elle tournerait à son plein potentiel.

Une performance honorable

«La progression du PIB réel devrait se maintenir, selon les autorités monétaires canadiennes, à un rythme égal ou supérieur à 3,5% tout au long de 2010, soit une croissance nettement supérieure à celle du potentiel, estimée à 1,5% pour 2010, note Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins. Visiblement, les autorités monétaires semblent encore faire preuve d'un grand optimisme.»

La reprise d'abord hésitante l'été dernier ne doit pas faire oublier que le Canada s'est plutôt bien tiré d'affaire durant la dernière récession. Du quatrième trimestre de 2007, qui marque le début de la récession américaine, jusqu'au creux de mai 2009, le PIB réel canadien a fléchi de 3,3%, comparativement à 3,7% pour le PIB américain. La zone euro, le Royaume-Uni et le Japon ont été touchés davantage.

La récession américaine a fait très mal au Canada. Selon la Banque, la mesure de l'activité américaine liée au secteur des exportations canadiennes s'est repliée de 22% durant la période. Dans cette mesure, on retrouve les secteurs automobile et de l'habitation, tous deux au coeur de la contraction de la première économie du monde.

Leur remise en état va stimuler le secteur manufacturier canadien.