Convaincre les grandes entreprises américaines d'acheter sa technologie quand on est une petite boîte de Québec, c'est faisable. Mais disons que ça aide un peu quand l'une des plus grandes multinationales de la planète vient mettre sa machine de ventes à contribution.

Voilà pourquoi on célèbre chez H2O Innovation [[|ticker sym='V.HEO'|]], qui vient de signer une entente de commercialisation avec 3 M pour vendre ses systèmes de traitement des eaux auprès des entreprises américaines

«S'associer à un nom comme 3 M, ça va instantanément asseoir notre crédibilité», s'est réjoui hier Frédéric Dugré, président et chef de la direction l'entreprise.

Le marché semble penser la même chose; il a propulsé l'action de H2O Innovation de 11 cents, ou 18,3%, hier, à la Bourse croissance de Toronto, pour l'amener à 71 cents.

H2O Innovation conçoit des systèmes de traitement des eaux sur mesure pour les municipalités et les entreprises. Le groupe 3 M l'aidera à commercialiser ses produits dans deux marchés bien précis: les pétrolières et les entreprises automobiles des États-Unis.

«Dans l'industrie du pétrole, c'est dur d'avoir des petits acteurs. Même chose dans l'automobile: on parle des grands constructeurs, autant américains qu'asiatiques. Ça prend une certaine crédibilité pour que je puisse m'asseoir avec les gens qui prennent les décisions dans ces entreprises. Avec 3 M, j'arrive à le faire de façon beaucoup plus rapide», a expliqué hier le grand patron de H2O.

Départ en flèche

Les systèmes de H2O peuvent autant servir à filtrer l'eau qui entre dans les processus industriels qu'à traiter les eaux usées qui en sortent.

Les effets de l'entente avec 3 M se font par ailleurs déjà sentir.

«C'est parti comme de la poudre à canon. Le lendemain de la manifestation d'intérêt de 3 M, on a commencé à recevoir des appels et des propositions de leurs clients», commente M. Dugré.

H2O Innovation, qui s'apprête à fêter ses 10 ans, a engendré un chiffre d'affaires de 31,2 millions de dollars l'an dernier et s'approche du seuil de rentabilité. Elle a affiché une perte nette de 65 000$ en 2009, comparativement à 3,6 millions un an auparavant. L'entreprise compte une centaine d'employés, dont la majorité au siège social de Québec et dans son usine de Ham-Nord, dans les Bois-Francs.

Se diversifier

H2O Innovation, qui fait actuellement 70% de ses affaires avec les municipalités, se réjouit de voir son secteur industriel recevoir le coup de pouce de 3 M.

«Notre plan était d'accélérer la croissance de la clientèle industrielle pour diversifier nos sources de revenus. Les cycles économiques ne sont pas tout à fait les mêmes dans le municipal et l'industriel, ce qui va mieux répartir notre risque», dit M. Dugré.

Le président explique aussi que si les contrats industriels sont souvent moins importants que ceux signés avec les municipalités, ils ont l'avantage de se réaliser plus rapidement et d'engendrer des marges de profit plus élevées. Idéalement, le président aimerait ramener les deux unités d'affaires à des niveaux comparables d'ici quelques années.

Selon M. Dugré, l'entente de commercialisation avec 3 M pourrait éventuellement s'élargir. «Ils sont présents dans d'autres secteurs où on fait des ventes, comme l'agroalimentaire ou l'industrie plastique. Et ils sont dans d'autres pays», dit-il.

Pas question, cependant, de se lancer partout en même temps. M. Dugré est bien conscient que si l'entente avec 3 M suscite beaucoup d'enthousiasme, elle amène aussi une pression à atteindre les objectifs.

«Si on n'est pas prêt et qu'on ne se structure pas correctement pour répondre à cette demande, on va seulement créer des attentes sans être capable de bien livrer», avertit le grand patron.