Le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, a soutenu vendredi que les craintes qu'Ottawa ait créé un déficit budgétaire structurel difficile à éliminer ne sont que des «spéculations» non fondées.

S'adressant aux médias après un discours, vendredi, à Toronto, M. Flaherty a réaffirmé son engagement d'équilibrer le budget d'ici 2015 sans couper dans les transferts aux provinces et sans hausser les impôts.

M. Flaherty réagissait aux prévisions du directeur parlementaire du budget canadien, Kevin Page, qui a estimé mercredi que le gouvernement serait incapable d'équilibrer son budget au cours des cinq prochaines années et que le déficit structurel atteindrait 18,9 milliards au cours de l'année 2013-14.

«J'entends des spéculations. Je ne vois pas beaucoup d'éléments de preuve. J'entend des commentaires, sans chiffres, sans analyse», a soutenu M. Flaherty.

Le ministre des Finances a dit croire que les Canadiens souhaitaient que leur gouvernement s'attarde à stabiliser l'économie avant d'éliminer le déficit.

Il a soutenu que le déficit allait pratiquement être réduit de moitié quand prendra fin le programme de relance économique du gouvernement au terme de l'année fiscale. Après coup, la réduction des dépenses combinée à une économie plus forte aidera à équilibrer le budget, a ajouté le ministre.

Mais l'analyse de M. Page suggère que ces prévisions n'entraîneront pas, pour l'instant, un budget équilibré à moins que l'économie ne se mette à tourner à une capacité supérieure à sa moyenne historique.

Or, la population canadienne se fait vieillissante, a précisé M. Page, et de plus en plus de Canadiens passent du statut de payeur d'impôts à celui de retraité - une période de leur vie où ils ont davantage recours aux services gouvernementaux comme les programmes d'assurance-santé ou les prestations de pensions de vieillesse.

Des années de réductions du fardeau fiscal - particulièrement la baisse de la TPS, mais aussi de l'impôt des entreprises - ont laissé Ottawa incapable de contenir le ralentissement de l'économie sans sombrer dans le déficit, a noté M. Page.

Mais M. Flaherty a soutenu que les réductions du fardeau fiscal aidaient à stimuler l'économie et que sans ces mesures, le ralentissement aurait été plus accentué.

Le ministre des Finances a fait valoir que le rapport dette-PIB (produit intérieur brut) du Canada, à 31%, était le plus bas des pays du G8.

L'écart entre les points de vue de MM. Flaherty et Page peut être attribué au fait que prédire l'ampleur du déficit sur cinq ans est un exercice de funambule, a fait valoir l'économiste en chef de Marchés mondiaux CIBC, Avery Shenfeld.

M. Shenfeld a affirmé que la bonne santé relative du Canada sur le plan de la fiscalité signifiait que le ratio dette-PIB continuerait d'être réduit même en fonction des prédictions de M. Page sur le déficit structurel. «Notre niveau d'endettement est bas comparativement à d'autres pays, ce qui nous donne le luxe, durant les périodes de ralentissement économique, de ne pas paniquer à la vue de cinq ans de déficit», a-t-il noté.

Le gouvernement doit déposer le 4 mars son budget pour l'année fiscale 2010-2011.