La première année du mandat du président américain Barack Obama a coïncidé avec une période noire pour le pouvoir d'achat, les Américains étant touchés par la crise de l'emploi et la hausse spectaculaire des prix de l'essence.

Entre licenciements, mesures de chômage partiel et un recours très prudent au travail temporaire, les entreprises américaines ont répercuté sur leur masse salariale une bonne partie de leurs difficultés.

Le niveau des rémunérations s'en est fortement ressenti.

Les salaires hebdomadaires réels, c'est-à-dire corrigés de l'inflation, ont chuté de 1,6% aux États-Unis en 2009, la plus forte baisse depuis 1990, après un bond de 3,1% en 2008, selon des chiffres publiés vendredi par le département du Travail.

La baisse des salaires réels sur une année a été relativement fréquente lors de la période récente aux États-Unis. Le phénomène s'est déjà produit en 2003 (-0,7%), en 2004 (-0,4%), en 2005 (-0,3%) et en 2007 (-1,3%).

En revanche, les salaires avaient fortement augmenté en 2006 (+2,4%), une bonne année pour l'emploi, et en 2008 (+3,1%), aidés par une inflation quasi nulle (+0,1%).

En 2009, mesurée en glissement annuel, l'inflation est revenue à 2,7%. Mais ce qu'ont le plus durement ressenti les Américains, c'est la hausse jamais vue des prix de l'essence: +53,5%.

Les prix à la pompe ont encore de quoi faire rêver dans d'autres pays: 2,76$ le gallon en moyenne pour l'essence ordinaire vendredi selon l'Association américaine de l'automobile. Mais les Américains vivent mal d'avoir durablement franchi la barre des 2,50$.

D'autres prix ont en revanche baissé en 2009: ceux de l'alimentation (-0,5%) et en particulier des produits alimentaires consommés à domicile (-2,4%), ceux du logement (-0,3%), de l'électricité (-0,5%) et surtout du gaz (-18,1%). Mais cela se remarque probablement moins.

«En plus du chômage à 10%, la hausse des prix de l'essence, la récente faiblesse des prix des logements, et l'incertitude sur la réforme de la santé pourraient être en train de miner la confiance des consommateurs», note Scott Hoyt, de Moody's Economy.com.

Et la cote de popularité de Barack Obama s'en ressent: selon un sondage de l'Université Quinnipiac, les Américains sont aussi nombreux (45%) à juger positivement que négativement son action. En juin 2009, ils étaient à 59% positifs et 31% négatifs.

Quand M. Obama avait été élu, son camp avait beau jeu de dénoncer l'échec flagrant de son prédécesseur George W. Bush à élever le niveau de vie des Américains.

En 2008, le revenu médian des ménages (exprimé en dollars de 2008) était tombé au plus bas depuis 10 ans. Et entre 2000 et 2007, il n'avait jamais battu son record de 1999, stagnant entre 50 000$ et 52 000$.

Mais l'année 2009 ne devrait guère être meilleure, étant celle où le taux de chômage aura franchi la barre des 10% pour la première fois depuis 1983.

Les ménages américains sont aussi appauvris par la chute de la valeur de leur patrimoine immobilier. D'après les données de la Réserve fédérale, celui-ci était au 30 septembre de 10,5% inférieur à un an plus tôt, et de 28% par rapport au pic de 2006.

Ces mêmes ménages supportent une dette très lourde. Au troisième trimestre, leurs remboursements représentaient 12,9% du revenu disponible, du jamais vu ces dernières décennies.

En toute logique, l'avenir de leurs finances personnelles leur inspire des craintes. Ils le disent aux instituts qui sondent la confiance des consommateurs: selon le Conference Board, 18,0% tablaient en décembre sur une baisse de leurs revenus dans les six mois à venir, contre 10,3% sur une hausse, et 71,7% sur une stabilité.