La controverse entourant le bras de fer entre Google (GOOG) et le gouvernement chinois a pris une tournure politique, hier, alors que l'administration Obama a réitéré son engagement en faveur de l'internet «libre et non censuré».

La secrétaire d'État, Hillary Clinton, a qualifié l'enjeu de «sérieux» et qui «soulève des questions importantes». «Nous avons été informés de la situation par Google. Nous attendons des explications de la part du gouvernement chinois», a signalé Mme Clinton dans un communiqué.

Depuis hier, Google a cessé de censurer les résultats des recherches sur son site chinois, Google.cn. Le géant californien se dit prêt à fermer ses bureaux chinois si le régime militaire de Pékin devait ordonner la fermeture du site. Ironiquement, la volte-face de Google est largement passée sous silence en Chine. Selon le New York Times, les sites d'informations chinois ont d'abord publié une courte dépêche sur le sujet, avant de censurer les passages ayant trait à la «liberté d'expression» et à la «censure». Plus tard, la nouvelle a disparu des grands titres.

Ce branle-bas de combat a été provoqué par une récente attaque informatique massive provenant de la Chine. «Nous avons détecté une attaque très sophistiquée et ciblée, venant de Chine, contre notre infra-structure d'entreprise et qui a résulté en un vol de propriété intellectuelle», a affirmé mardi David Drummond, responsable juridique de Google. L'attaque «a touché au moins 20 autres grandes entreprises dans de nombreux secteurs, notamment l'internet, la finance, la technologie, les médias et la chimie», a ajouté M. Drummond.

Hier, la firme Yahoo! a dit soutenir Google dans sa condamnation des attaques informatiques massives dont elle a été victime en Chine. C'est ce qu'a déclaré au Wall Street Journal un porte-parole de la firme, sans préciser si son groupe avait également été victime d'attaques.

«Nous condamnons toute tentative d'infiltration dans les réseaux d'entreprises destinée à obtenir des informations sur les utilisateurs», a-t-il indiqué au quotidien.

Yahoo! «ne révèle généralement pas» lorsqu'il est victime d'une attaque, mais l'entreprise prend la sécurité très au sérieux, selon ce porte-parole.

Le géant Microsoft a pour sa part indiqué n'avoir «aucune indication que ces courriers électroniques aient été corrompus», mais a refusé de commenter l'éventuel retrait de Chine de son concurrent Google.

Google affirme avoir «la preuve que le but premier des assaillants était d'accéder aux comptes de messagerie Gmail de militants des droits humains», et estimé à ce stade que l'attaque n'avait pas atteint son but, faute d'accès au contenu des messages.

Depuis hier, le site chinois de Google semble avoir abandonné toute forme de censure. Une recherche d'images du mot «Tiananmen» dans Google.cn montrait la fameuse photographie d'un étudiant face à une colonne de chars d'assaut, image auparavant bloquée par le site.

Entreprise admirée partout dans le monde, Google a été vivement critiquée en 2006, lorsqu'elle a accepté de censurer son site pour percer le marché chinois. L'entreprise affirmait alors que sa présence dans la superpuissance asiatique comportait plus d'avantages que d'inconvénients pour les défenseurs des droits de l'homme en Chine.

Les trois plus gros sites au monde, Google, Facebook et YouTube, sont traditionnellement bloqués ou filtrés en Chine.