À l'automne, quand Centraide du Grand Montréal a lancé sa campagne, elle a rappelé que les 360 organismes qu'elle soutient «répondent à de nouvelles clientèles, notamment des familles de classe moyenne aux prises avec une dure réalité économique et qui, pour la première fois de leur vie, demandent de l'aide».

Un exemple? D'avril à octobre, l'ACEF de l'île Jésus, à Laval, a donné 118 consultations budgétaires, soit presque autant que les 130 consultations accordées durant toute l'année financière précédente.

 

En 2008-2009, les ménages les plus endettés avaient accumulé une dette de consommation de quelque 10 000$ - l'hypothèque n'est pas incluse.

«Cette année, 20% des gens qu'on a rencontrés sont endettés de 30 000$ et plus», souligne la conseillère budgétaire Eduarda Freitas. La récession a fauché largement. «Il y a beaucoup de cas de perte d'emploi. Le coût de la vie n'arrête pas d'augmenter.»

En Montérégie cette fois, la Corne d'abondance de Chambly, un centre d'éducation populaire pour une saine alimentation, apprend aux ménages à cuisiner à bas prix. «Pas de don; ici, on vient faire», décrit son directeur général, Michel Martel.

Lui aussi constate un inquiétant changement du visage de la pauvreté. «De plus en plus, on réalise que notre clientèle est constituée de travailleurs à faible revenu. On a même de plus en plus de grands-mères à la retraite qui viennent cuisiner pour leurs enfants.»

Le centre est ouvert sept jours sur sept - le dimanche est souvent consacré aux adolescents! La liste d'attente compte pourtant entre 50 et 75 noms. Quelque 27 000 repas y ont été préparés en 2008. «Ce sont beaucoup de parents qui travaillent tous les deux au salaire minimum, explique Michel Martel. S'ils ne viennent pas ici, ils n'arriveront pas.»

Car le prix des aliments grimpe plus vite que les salaires. «Le riz et les pâtes étaient des denrées de base qui ne coûtaient rien, observe-t-il. Les gens ne peuvent plus se dépanner avec ça, c'est rendu plus cher que d'autres choses.»