La fin d'année 2009 et les prochains mois s'annoncent meilleurs qu'attendu pour l'économie américaine, à la lumière des statistiques divulguées ces derniers jours.

Regain de la production manufacturière, rebond des dépenses des consommateurs, léger redressement des ventes d'automobiles, arrêt des pertes d'emplois.

Autant d'indices qui, de l'avis d'observateurs aguerris, suggèrent que l'économie la plus influente du monde pourrait s'extirper bientôt de sa pire récession en un demi-siècle.

«La production industrielle recommence à croître. Les consommateurs recommencent à dépenser. Vraiment, il y a un nouveau souffle haussier avec ces statistiques», a résumé Michael Feroli, économiste chez JPMorgan Chase, à New York.

Selon des statistiques divulguées hier par la Réserve fédérale américaine, la production industrielle aux États-Unis a rebondi de 0,8% en novembre par rapport au mois précédent.

C'est bien mieux que ce à quoi s'attendaient les économistes. Et la meilleure croissance mensuelle pour l'industrie américaine depuis l'été dernier.

Par ailleurs, le taux d'utilisation de la capacité industrielle aux États-Unis, très amoché par la récession, a continué de se redresser en novembre.

Certes, la récupération des lourdes pertes subies dans le secteur industriel depuis deux ans demeure encore loin à l'horizon, particulièrement dans l'automobile.

«Il faudra voir si le regain de production en novembre reflète une accélération de la demande ou s'il est surtout destiné à renflouer les inventaires», avertit Francis Généreux, économiste principale des États-Unis au Mouvement Desjardins.

N'empêche, constate-t-il, «l'économie américaine prend du mieux, même si le rythme de reprise demeure faible».

Et pour la suite, M. Généreux dit qu'il surveillera deux indices en particulier au cours des prochaines semaines: le niveau d'inventaire des entreprises et la situation de l'emploi dans le secteur privé.

«Est-ce que la bonne situation de la production et de l'emploi en novembre va se perpétrer? Pour le moment, la croissance économique aux États-Unis s'annonce assez modérée en 2010, de l'ordre de 2,5%, souligne M. Généreux.

«L'accès au crédit demeure difficile pour les entreprises et les consommateurs américains seront encore timides en 2010.»

Mais à la Banque Nationale, l'économiste en chef, Stéfane Marion, estime que les dernières statistiques industrielles aux États-Unis renforcent l'hypothèse d'une bonne fin d'année pour l'économie.

«Une relance du secteur industriel pourrait s'ajouter à celle des consommateurs américains, qui reprennent confiance et dépensent davantage, selon M. Marion.

«Dans ce contexte, les prochains chiffres de croissance aux États-Unis pourraient surprendre. Je m'attends à ce qu'elle bondisse autour de 4% pour le seul quatrième trimestre de 2009.

«Et pour tout l'an prochain, cette croissance pourrait même rebondir jusqu'à 4%, bien plus que le taux moyen de 2,5% qui prévaut encore parmi les économistes.»

Au Canada, un tel rebond de croissance de l'économie américaine, s'il se confirme, aurait un impact positif et rapide dans l'économie.

«Ça augure d'un regain pour l'important secteur des exportations au Canada, qui a le plus souffert de la récession américaine. En fait, l'économie canadienne sera aux premières loges du rebond de l'économie mondiale», anticipe M. Marion.

En contrepartie, une relance économique plus forte que prévu aux États-Unis au cours des prochains mois pourrait accélérer la remontée des taux d'intérêt.

Ces taux sont encore à de bas niveaux historiques en Amérique du Nord, des suites de la grave crise financière de l'an dernier.

«La politique de taux d'intérêt très bas pourrait s'avérer très bientôt trop forte et trop expansionniste par rapport à l'économie réelle, estime Stéfane Marion.

«Par conséquent, la Banque du Canada pourrait devancer une remontée de taux au printemps prochain. Aux États-Unis, la Réserve fédérale pourrait agir dès l'été prochain, au lieu d'attendre l'automne.»

Au Mouvement Desjardins, l'économiste Francis Généreux demeure sceptique envers une remontée accélérée des taux d'intérêt aux États-Unis, malgré les récents indices de relance économique.

«Je vois mal la Réserve fédérale remonter les taux avant le début de 2011 pour deux raisons: la restriction du crédit persiste aux États-Unis et il y a encore très peu d'inflation en dehors du prix du pétrole.»