Comprendre ce qui s'est passé dans le secteur financier et a entraîné l'économie mondiale dans la pire récession synchronisée depuis la Grande Dépression a de quoi alimenter des heures de lecture. Voici quelques parutions qui apportent toutes un certain éclairage à un enchevêtrement d'une complexité inédite.

La crise

Sophie Lamoureux. La Documentation française. Gallimard Jeunesse. 64 pages.

En une heure de lecture à peine, on apprend la mécanique de cette crise financière (bulle des hypothèques à hauts risques ou subprimes, titrisation outrancière, gel du crédit, etc.). Des schémas clairs montrent le rôle des acteurs en présence: banques d'affaires, autorités monétaires, pays émergents, etc. En prime, un glossaire où tout le jargon économique et financier nécessaire est clairement défini.

 

La prospérité du vice - Une introduction (inquiète) à l'économie

Daniel Cohen. Albin Michel. 336 pages.

Il s'agit sans aucun doute de la synthèse la plus brillante de l'histoire économique depuis Rome, avec ce constat terrible: ce n'est pas tant la richesse qui fait le bonheur des humains que sa croissance. D'où la question: la croissance peut-elle être infinie et sans crise? Non, bien entendu. Par malheur, la mondialisation fait table rase de tout modèle autre que celui de l'économie de marché. La récession nous montre jusqu'à quel point nous sommes devenus vulnérables.

Pourquoi l'Angleterre a perdu - La faillite d'un modèle économique et social

Patrick Artus et Alexis Garatti. Perrin. 255 pages.

Sous l'impulsion de Margaret Thatcher, puis de Tony Blair, le Royaume-Uni a sacrifié son industrie manufacturière, pratiqué l'antinationalisme économique. Cela a permis l'épanouissement du secteur financier, favorisé l'afflux de capitaux étrangers, renforcé la livre sterling et paupérisé la classe moyenne. La crise financière a fait voler en éclats le modèle: les capitaux se font plus rares, les banques ont dû être secourues par l'État, la livre s'est dépréciée et la cherté des biens importés s'est amplifiée. En prime, les caisses de retraite se sont appauvries, au grand dam des retraités d'une population vieillissante.

Keynes par-delà l'économie

Gilles Dostaler. Éditions Thierry Magnier. 153 pages.

Il s'agit d'une synthèse pédagogique des deux ouvrages précédents de l'économiste québécois, dont le magistral Keynes et ses combats. John Maynard Keynes est rentré en grâce après avoir été décrié par les économistes néolibéraux de l'école de Chicago. Celui qui avait montré la voie de la sortie de crise durant la Grande Dépression a inspiré cette fois encore banquiers centraux et chefs de gouvernement. Keynes n'était pas qu'un grand économiste. Il aimait surtout la joie de vivre et l'art. Tout son engagement vise la conciliation de trois objectifs: l'efficacité économique, la liberté politique et la justice sociale.

Et aussi...

Survivre aux crises

Jacques Attali. Fayard. 200 pages.

Le prolifique écrivain multidisciplinaire et auteur d'Une brève histoire de l'avenir propose cette fois une réflexion sur les changements que nous devrons apporter à notre façon de vivre. Une sorte d'hymne à la simplicité volontaire des individus et des sociétés.

L'État prédateur

James K. Galbraith. Seuil.

Dans la lignée idéologique de son père John Kenneth, James dépeint le libéralisme économique comme un mythe qui sert avant tout de grands intérêts privés qui n'en respectent même pas les règles. Il préconise le renforcement des pouvoirs de l'État, seul agent capable de réguler l'économie et redistribuer équitablement la richesse.