Le rachat par l'américaine Ciena des activités de Nortel dans les télécommunications par fibre optique, annoncé hier pour 769 millions US, touchera au moins 1400 salariés au Canada, dont 260 au Technoparc Saint-Laurent, à Montréal.

Mais en dépit des appréhensions, la grande majorité de ces employés de Nortel n'auraient pas à craindre pour la continuité de leur poste, promet-on chez Ciena.

Tout au plus, selon son principal patron au Canada, quelque 200 emplois pourraient succomber à l'intégration des deux entreprises au cours des prochains mois.

«Nous prévoyons retenir environ 85% des employés des activités que nous acquerrons de Nortel. Au Canada, où sont plus de la moitié d'entre eux, nous voulons conserver les deux usines de Nortel à Ottawa et à Montréal», a soutenu James Frodsham, vice-président principal au développement corporatif chez Ciena, en entretien avec La Presse Affaires.

»Dénouement favorable»

Selon M. Frodsham, le rachat des activités de fibre optique de Nortel constituerait même un «dénouement favorable» pour ces centaines d'employés.

D'autant plus qu'ils ont survécu jusqu'à maintenant à des années de démantèlement chez Nortel, qui s'achève en liquidation de faillite sous supervision judiciaire.

«Notre offre pour les activités de Nortel comprend une volonté de préserver les milieux de travail des employés. En fait, ils amélioreront leurs perspectives professionnelles en intégrant une entreprise rehaussée au niveau mondial», a soutenu M. Frodsham.

«Avec les activités acquises de Nortel, Ciena se hissera parmi le top 3 du marché mondial des équipements de télécoms par fibre optique, et au premier rang en Amérique du Nord.»

Pour le moment, au Canada, Ciena compte 200 employés en recherche et développement (R&D) dans la région d'Ottawa, où elle s'est implantée en 2003 par des acquisitions.

Chez Nortel, les activités de télécoms par fibre optique comptent environ 1200 employés à Ottawa. Au moins un millier d'entre eux devraient être intégrés chez Ciena, au cours des prochains mois.

«La région d'Ottawa deviendra le principal pôle de R&D et d'ingénierie de pointe pour tout Ciena, devant ses usines actuelles aux États-Unis et en Inde», selon James Frodsham.

À Montréal, cependant, Ciena en sera à une première implantation avec l'achat des activités de Nortel.

N'empêche, rassure son vice-président, Ciena entend y maintenir la majeure partie des 260 employés. Et si nécessaire, une consolidation d'effectifs avec ceux d'Ottawa devrait se limiter à quelques postes.

Un tel scénario moins défavorable à première vue rassure la direction du Technoparc de Saint-Laurent, où Nortel demeure l'un des principaux employeurs malgré son atrophie des dernières années.

Nortel compte encore 400 employés en tout dans l'un des quatre immeubles de haute technicité qui avaient été construits sur mesure pour l'entreprise au Technoparc, il y a 10 ans.

«Il y a quelques années à peine, Nortel a déjà eu 4000 employés ici», a rappelé Mario Monette, PDG du Technoparc.

Néanmoins, la direction du Technoparc affirme avoir trouvé preneur pour la majorité des locaux - au moins 900 000 pieds carrés - libérés par Nortel au fil des ans.

Des employés rassurés

En fin de compte, l'impact limité promis par Ciena sur les employés de Nortel augure d'une fin de liquidation d'actifs sans trop de heurts additionnels pour les économies régionales de Montréal et d'Ottawa.

D'autant plus que la précédente transaction d'importance chez Nortel - la vente de sa filiale sans fil à la suédoise Ericsson l'été dernier - vient de se conclure sur un ton favorable pour les centaines d'employés impliqués.

La filiale sans fil de Nortel avait 750 employés à Ottawa, alors qu'Ericsson employait déjà 1500 personnes à Montréal, dont près du tiers en R&D.

Mais il y a quelques jours, lors d'une fête de bienvenue pour les ex-employés de Nortel, les dirigeants d'Ericsson au Canada ont dit compter sur leurs compétences et celles de Montréal pour, notamment, renforcer l'entreprise face à la montée de concurrents asiatiques.