Le géant de l'électronique japonais Sony se sent plus solide après avoir taillé dans ses effectifs et passé sévèrement en revue ses dépenses. Il se fixe à présent d'ambitieux objectifs financiers, techniques et commerciaux, notamment pour ses produits grand public et jeux vidéo.

«Nous avons mis en place une nouvelle structure qui nous rend plus forts et plus musclés, même si cette transformation n'est pas achevée», s'est félicité jeudi le PDG de Sony, Howard Stringer, environ un an après avoir décidé de drastiques mesures pour affronter la crise.

M. Stringer, personnellement aux commandes, s'est entouré d'une équipe rajeunie.

Parallèlement à ce changement, censé accélérer les décisions, avait été décidée une nouvelle répartition des principales lignes de produits afin de faciliter la création de logiciels communs et de plates-formes matérielles transversales.

Le tout a pour but d'éviter les redondances et in fine de réduire les coûts.

«Quatre-vingt pour cent des diminutions de dépenses envisagées pour cette année budgétaire (330 milliards de yens, 2,45 milliards d'euros) ont été réalisées durant le seul premier semestre (avril à septembre)», a assuré M. Stringer.

Ces dispositions, prises pour limiter les dégâts dus à la récession internationale, se sont traduites par des fermetures d'usines, une rationalisation des services, des suppressions de postes, la centralisation des commandes et la contraction du réseau d'approvisionnement.

Le groupe a ainsi supprimé près de 20 000 postes dans ses activités de matériels électroniques et de jeux vidéo en un an, abaissant ses effectifs de 146 800 personne en septembre.

Constatant les effets rapides sur les comptes des changements structurels, Sony avait revu en hausse il y a peu ses prévisions annuelles, divisant par près de deux son estimation de perte d'exploitation.

Encore convalescent mais moralement requinqué, Sony se sent d'attaque pour affronter une concurrence intense dans un univers marchand chamboulé.

«Nous devons en permanence renforcer nos performances dans notre coeur de métier, notamment dans nos activités de TV et jeux vidéo», a prévenu M. Stringer.

Malgré la chute des prix en rayon qui gomme une partie des efforts de réduction de coûts, Sony espère que sa division de téléviseurs redeviendra rentable dès l'année prochaine (avril 2010-mars 2011) et veut totaliser une part de marché de 20% en volume en 2012-2013.

Le groupe fondé par Akio Morita entend reprendre dans ce domaine la place de meneur qu'il considère comme étant génétiquement la sienne.

Sa grande ambition est aussi «d'apporter la TV en trois dimensions (3D) dans les foyers».

«Nous avons une position unique dans la 3D, notre offre allant des équipements pour la prise de vue (caméras professionnelles) jusqu'à la restitution dans les salles (projecteurs dédiés) comme dans les foyers (lecteurs de disques Blu-Ray, consoles de jeux et TV compatible)», a souligné M. Stringer.

L'ensemble des produits 3D pourrait totaliser de 12% à 15% du chiffre d'affaires du groupe d'ici 2012-2013.

Autre grande priorité: les jeux vidéo. Cette activité devrait renouer avec la profitabilité en 2012-2013, selon les prévisions du groupe, notamment grâce à une extension de l'offre de contenus multimédia vendus en ligne (jeux, vidéos, musiques, etc.) et à des services diversifiés (univers communautaires, galerie marchande, etc.).

Sony veut certes être le champion de la création de produits inédits pour les clients des pays riches, mais entend aussi proposer une offre adaptée à la nouvelle clientèle des pays émergents, les Chinois en premier lieu.