L'Europe est sortie de sa pire récession économique depuis la Deuxième guerre mondiale pendant l'été, mais la reprise reste fragile et le chômage va continuer pendant encore longtemps à augmenter.

Le Produit intérieur brut (PIB) des seize pays de la zone euro a enregistré une croissance de 0,4% au troisième trimestre comparé au précédent, selon une première estimation publiée vendredi par l'Office statistique européen Eurostat.

Ces chiffres mettent fin à cinq trimestres consécutifs de recul de l'activité pour la zone euro.

L'ensemble des 27 pays de l'Union européenne sont également sortis de la récession, avec une hausse du PIB de 0,2%. L'Europe rejoint donc les Etats-Unis, qui ont également repris le chemin de la croissance au troisième trimestre.

L'Allemagne et la France, qui étaient déjà toutes deux revenues en territoire positif dès le deuxième trimestre, continuent sur leur lancée (+0,7% et +0,3% respectivement), tandis que d'autres poids lourds de l'économie européenne les rejoignent. C'est le cas de l'Italie (+0,6%) et des Pays-Bas (+0,4%).

En revanche, le Royaume-Uni et l'Espagne restent toujours dans le rouge, avec des contractions respectives de leurs économies de 0,4% et 0,3%.

Déception pour les économistes, la croissance dans la zone euro se révèle par ailleurs moins bonne que prévu, les analystes interrogés par Dow Jones Newswires s'attendant à 0,6% en moyenne.

«La zone euro est sortie de la récession au trot plutôt qu'au galop», a commenté Howard Archer, économiste à l'institut IHS Global Insight.

«Les chiffres d'aujourd'hui peuvent être considérés comme une déception», estime de son côté Aurelio Maccario, chez Unicredit, qui tablait sur une croissance bien supérieure (+0,9%) pour la France.

La France «a été une mauvaise surprise importante», a-t-il indiqué.

Eurostat ne donne pas encore les différentes composantes de la croissance. Mais les économistes s'attendent à ce qu'elle ait été tirée par la hausse des exportations et la reconstitution des stocks industriels, tandis que l'investissement devrait s'être à nouveau contracté, et que la consommation «devrait avoir connu une croissance faible ou nulle», selon Howard Archer.

La croissance devrait se poursuivre au quatrième trimestre. Mais les experts mettent en gardent contre un excès d'optimisme.

«Des risques continuent à peser sur la solidité de la reprise à moyen terme», souligne Clemente De Lucia, de la banque BNP Paribas.

Il estime qu'elle «pourrait s'affaiblir l'année prochaine, une fois que les effets des mesures de relance exceptionnelles, qui soutiennent la demande, ne se feront plus sentir».

Selon les dernières prévisions de la Commission européenne, la reprise devrait devrait fléchir un peu dans un premier temps, avant de regagner du terrain durant le deuxième semestre de 2010.

Dans le détail, l'exécutif européen s'attend successivement à des taux de croissance de 0,2% au quatrième trimestre, puis de 0,1% lors des deux premiers trimestres de 2010.

Mauvaise nouvelle pour les ménages: le chômage devrait lui continuer à augmenter, car il réagit traditionnellement avec retard sur le redémarrage de l'activité. La Commission prévoit qu'il atteigne un taux moyen de 9,5% cette année, puis 10,7% l'an prochain et 10,9% en 2011 en zone euro.

Cette hausse du nombre de demandeurs d'emplois, en grevant le pouvoir d'achat des ménages, contribuera à «peser sur la demande intérieure», souligne Clemente De Lucia.

Pour Howard Archer, «la probable fragilité de la reprise signifie» qu'il faudra «se méfier d'un retrait des mesures de relance prématuré ou trop agressif».