Voici un condensé de notre entrevue exclusive avec le grand patron de BCE (T.BCE) , George Cope, réalisée hier après la publication des résultats du troisième trimestre.

Q : Vous avez un tout nouveau réseau sans-fil, plusieurs nouveaux appareils high tech, mais malgré tout cela, bien des Canadiens entretiennent encore une image négative de Bell Canada. Comment leur transmettre le message que vous avez changé?

R : Considérant nos 500 000 activations dans le sans-fil au dernier trimestre, je remettrais en cause votre question. Évidemment, nous savions depuis un an et demi que nous devions améliorer notre service. Nous n'avons pas fini, mais je comparerais aujourd'hui notre service à celui de n'importe quel de nos concurrents. Nous continuerons toujours à nous améliorer, cela n'arrête jamais.

Q : Quels sont les éléments les plus marquants des résultats présentés hier?

R : Le plus important, dans l'environnement économique où on se trouve, c'est d'avoir été capable de respecter les attentes des marchés pour nos profits et nos flux de trésorerie, ce qui a été difficile à faire dans ce climat économique. On les a atteintes, et dépassées dans certains cas, ce qui est gratifiant pour l'équipe de direction. Aussi, d'avoir enregistré notre meilleur trimestre depuis des années dans le sans-fil, avant même le lancement de notre nouveau réseau. Nous sommes également très excités par l'addition nette de 40 000 nouveaux abonnés dans le secteur de la télé, notre meilleur trimestre en quatre ans.

Q : Comment expliquer cette bonne performance dans le sans-fil?

R : On aime penser que notre stratégie de marque, l'addition de nouveaux produits comme le Palm Pre et le travail qu'on a fait dans nos magasins, dont on a changé l'apparence, a permis d'attirer la clientèle. Ce n'est pas une seule chose, mais plutôt un ensemble de gestes qu'on a posés depuis un an et demi pour créer un momentum.

Q : Êtes-vous inquiets de la baisse marquée du produit mensuel moyen par unité (PMU) dans le sans-fil?

R : C'est un défi pour toute l'industrie. Le marché devient clairement très concurrentiel, avant même l'arrivée des nouveaux fournisseurs. Il y a eu une fixation des prix très agressive sur le marché qui a affecté le PMU, c'est vrai. On a aussi vu les gens réduire un peu leur usage à cause de l'économie, ou parce que leur compagnies leur demandent de réduire leur utilisation. De plus, les gens voyagent moins vers les États-Unis, et vice-versa, ce qui réduit les revenus d'itinérance. La chose un peu plus positive, c'est que notre PMU est un peu plus élevé qu'au deuxième trimestre. Il y a des signes de stabilisation, mais le PMU demeure plus bas qu'il y a un an.

Q : Qu'en est-il des frais d'accès au réseau? Telus et Rogers ont tous deux fait des annonces à ce sujet au cours des dernières semaines.

R : Nous nous assurerons d'être concurrentiels sur le marché, c'est tout ce que je dirai aujourd'hui.

Q : Virgin a lancé une guerre contre Rogers la semaine dernière au sujet des frais d'accès au réseau. Cela n'est-il pas ironique, considérant que Virgin Mobile Canada est détenue à 100% par Bell qui, elle, facture encore ces frais à des millions de ses clients?

R : Une autre de nos marques moins chère, Solo, ne charge pas non plus de frais d'accès. Virgin est clairement une marque créative et agressive sur le marché, il y a des distinctions nettes dans la façon dont ces marques s'adressent au marché, même si elles ont le même propriétaire.

Q : Où en êtes-vous rendu dans la restructuration de la société?

R : Du côté des coûts, on a cinq impératifs à respecter, et on doit continuer à réduire les coûts de fonctionnement dans la société. Pas seulement en réduisant le nombre d'employés graduellement, mais aussi en abaissant le prix des équipements qu'on achète, grâce à notre pouvoir d'achat, en s'assurant que nos fournisseurs partagent les sacrifices. Cela n'arrête jamais, ça fait partie de notre entreprise.

Q : Quelque 5000 employés ont quitté l'entreprise depuis votre arrivée (NDLR : en juillet 2008). Cela répond-il à vos attentes?

R : Si vous demandez aux analystes, ils vous diront probablement que c'est plus que ce à quoi ils s'attendaient, mais notre plan est de continuer à être toujours plus efficace. Mais je tiens à souligner qu'une bonne partie de cela a été effectué par des départs à la retraite et de l'attrition.

Q : Qu'en est-il de la sous-traitance?

R : Moins de 3 ou 4% de nos appels seront traités en Inde d'ici la fin de l'année. On estimait que le niveau de service ne correspondait pas à ce que les clients de Bell étaient en droit d'attendre et c'est pour cela que nous avons fait ces changements. Des appels ont été ramenés chez Bell et chez des sous-traitants en Amérique du Nord.

Q : Qu'avez-vous à dire au sujet de la situation actuelle de Globalive? (NDLR : cet aspirant fournisseur sans-fil a été bloqué par le CRTC, à quelques semaines du lancement de son service, à cause de la trop forte présence de son partenaire égyptien Orascom.)

R : Premièrement, les Canadiens auront plus de concurrence. Un des plus sérieux concurrents de Bell est Vidéotron, et il va entrer bientôt dans le marché du sans-fil. Il y aura d'autres fournisseurs dans plusieurs marchés. La situation avec Globalive ne vise pas à bloquer l'arrivée d'un nouveau concurrent. Il faut plutôt s'assurer qu'il est soumis aux mêmes règles que Vidéotron, Bell, Rogers et les autres nouveaux entrants.