Les dirigeants de Globalive ne digèrent toujours pas la décision du CRTC d'exclure leur entreprise du marché canadien du sans-fil, ce qui pourrait se traduire par 800 pertes d'emplois à moins d'un revirement de dernière minute.

«C'est très décevant de se retrouver là à quelques semaines à peine du lancement prévu», a dénoncé hier Ken Campbell, président et chef de la direction de WIND Mobile (marque de commerce de Globalive), en entrevue à La Presse Affaires.

Globalive ambitionne de devenir le quatrième fournisseur sans fil national - aux côtés de Bell, Rogers et Telus - en offrant son service partout à l'exception du Québec. L'entreprise était sur le point d'ouvrir deux centres d'appels de même que «des douzaines» de boutiques dans plusieurs villes canadiennes, a dit M. Campbell.

Or, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a décrété, jeudi dernier, que Globalive ne respectait pas les règles en matière de propriété étrangère. Son investisseur majoritaire, l'égyptien Orascom Telecom Holding, a injecté plus de 500 millions dans l'entreprise.

Arrêt du projet

Le CRTC juge que Globalive est «dépendante» d'Orascom sur les plans financier et technologique, ce qui permet au groupe égyptien «d'orienter un large éventail de décisions en matière de fonctionnement et de stratégies». À moins d'apporter d'importants changements à sa structure, l'entreprise ne pourra lancer son service comme prévu.

Globalive étudie pour l'instant «toutes les options» à sa disposition, a dit Ken Campbell. Parmi celles-ci, il y a la possibilité de trouver un nouvel investisseur canadien. La chose sera toutefois «presque impossible», selon Anthony Lacavera, président de Globalive, puisque le CRTC a mis «un fusil sur la tempe» de son entreprise.

«Les investisseurs savent que nous devons résoudre ce problème pour être capable d'aller de l'avant, donc la décision du CRTC nous place dans une position extrêmement difficile où ne nous sommes plus capables de discuter sur une base commerciale avec des investisseurs potentiels», a déclaré M. Lacavera hier à l'agence Bloomberg.

Ken Campbell, de son côté, souligne que l'arrêt pur et simple des activités - avant même leur déclenchement - est une réelle possibilité. Les quelque 800 personnes embauchées jusqu'à maintenant, incluant les employés à temps partiel, seraient alors remerciées.

Globalive fonde néanmoins de gros espoirs sur une révision de la décision du CRTC par le ministre fédéral de l'Industrie, Tony Clement. Il a confirmé hier qu'il allait bel et bien étudier la chose, ajoutant qu'il n'agirait pas dans l'urgence.

Si Globalive était incapable de lancer son service, le vide laissé dans le marché ne serait pas comblé par Bell, Rogers ou Telus. Les principaux bénéficiaires seraient - et de loin - les aspirants fournisseurs à bas prix Public Mobile et DAVE Wireless, estime le Convergence Consulting Group de Toronto dans une nouvelle étude.

Selon le rapport, DAVE et public Mobile, qui comptent lancer leur service sans fil au cours des prochains mois dans plusieurs grandes villes du pays, récolteraient 900 000 clients de plus d'ici cinq ans si Globalive était effectivement exclu de la course. Toutes ces sociétés ont acheté des licences dans la cadre de la vaste enchère organisée en 2007 par Industrie Canada.

L'absence de Globalive ne changerait toutefois pas grand-chose dans le portrait de la concurrence au Québec, puisque l'entreprise n'avait pas acheté de licences dans la province, rapporte l'étude.