Si le Québec a bien tiré son épingle du jeu pendant la récession, les comparaisons avec les autres provinces risquent d'être moins flatteuses dès l'an prochain. La croissance canadienne sera en effet plus forte que celle du Québec, reconnaît le ministère des Finances.

Dans ses prévisions mises à jour hier, Québec table sur un recul de 1,5% de l'économie en 2009. C'est une régression de 0,3% supérieure à ce qui a été présenté au printemps, alors que le ministère des Finances tablait sur un recul de 1,2% du PIB réel. Au Canada, la décroissance devrait être de 2,3%

 

«Si le Québec a mieux résisté aux turbulences internationales, c'est notamment grâce aux investissements publics massifs, à la bonne tenue du marché de l'habitation et à l'importance de l'industrie aérospatiale, laquelle a été moins durement touchée que l'industrie automobile», peut-on lire dans les documents du Ministère.

Pour 2010, par contre, le Québec pâlit quand on fait ces comparaisons. La croissance devrait être de 1,7% ici (contre le 1,9% prévu au printemps). Au Canada, ce devrait être 2%. «Il y a une partie de l'écart qui est due au délai», explique Pascal Gauthier, économiste au Groupe financier Banque TD. Autrement dit, un secteur comme celui de l'aéronautique n'a pas réagi aussi rapidement que celui de l'automobile en Ontario au ralentissement mondial. Son rebond sera du même coup moins prononcé.

Québec prévoit aussi que le taux de chômage grimpera à 9,3% en moyenne l'an prochain, contre 8,7% cette année.

Les exportations fondent

Un des chapitres les plus déprimants des documents présentés hier a trait aux exportations québécoises, qui devraient chuter de 13,8% cette année, «la baisse la plus importante jamais enregistrée». Elles avaient déjà reculé de 3,6% en 2008. Et la croissance a été famélique les trois années précédentes.

Cette décroissance est toutefois moindre que dans le reste du Canada... ce qui veut aussi dire que le rebond sera moins prononcé ici. Québec prévoit que les exportations croîtront de 5% en 2010.

Investissements demandés

En 2009, les investissements des entreprises, tant privées que publiques (Hydro-Québec notamment), enregistrent un recul de 10,2% En 2010, Québec table sur un important revirement de situation, avec une progression de 3%.

Quant aux investissements des gouvernements, ils ont fait un bond de 28,2% en 2008, puis de 13,3% cette année, aidant ainsi à maintenir à flot l'économie du Québec. Leur croissance doit être réduite à 5,1% l'an prochain.

C'est donc dire que, pour que les prévisions de Québec se réalisent, les entreprises privées devront se remettre à investir.

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Les chiffres importants

4,7 milliards

Québec hausse sa prévision de déficit pour l'année en cours de 749 millions pour atteindre 4,7 milliards. Pour l'année suivante, l'ampleur du déficit prévu est la même, en progression cette fois-ci de 910 millions par rapport aux prévisions du printemps.

-1,5% et «1,7%

Le PIB réel du Québec devrait reculer de 1,5% cette année, suivi d'une hausse de 1,7% l'an prochain. Si Québec fait mieux que le Canada (-2,3%) cette année, il fera moins bien dès l'an prochain puisque l'économie canadienne devrait croître de 2% en 2010.

250 fonctionnaires de plus

Pour lutter contre l'évasion fiscale, Québec embauchera 250 fonctionnaires de plus au ministère du Revenu, ce qui entraîne une dépense de 20 millions. Ils devraient permettre de récupérer 200 millions d'impôts impayés dès 2010-2011, estime Québec.

300 millions de moins d'Hydro

L'an prochain, Québec prévoit que la vache à lait de ses sociétés d'État, Hydro-Québec, lui fournira 300 millions de moins que prévu «en raison, notamment, des perspectives moins bonnes qu'anticipé des prix de vente sur les marchés à l'exportation, des prix inférieurs pour l'aluminium ainsi que de l'appréciation du dollar canadien».

800 millions de plus pour les entreprises

Le programme Renfort, qui aide les entreprises québécoises en cette période où le crédit est difficile à trouver, est bonifié de 800 millions. Cette somme servira à accorder des prêts et garanties de prêts aux PME. Québec calcule que le programme lui coûtera 150 millions cette année et la même somme l'an prochain.