Les boursicoteurs du globe ont applaudi mardi matin les résultats du géant techno Apple (AAPL) qui a pulvérisé les attentes les plus optimistes en annonçant des résultats records hier, renforçant les signaux de reprise qui se multiplient depuis la saison des résultats des entreprises.

Profits dans le plafond, ventes en forte hausse, marges plus solides que prévu: Apple a déjoué toutes les prédictions des analystes.

«Apple a explosé, a lancé Gabriel Lancry, administrateur associé chez Scotia McLeod. Ils ont dit à ceux qui croient au marché qu'ils avaient raison d'y rester.»

À voir les chiffres dévoilés hier, c'est à se demander si ceux qui dirigent l'entreprise au petit logo de pomme à partir de leurs bureaux californiens sont au courant que l'économie mondiale est en récession.

Les profits d'Apple ont bondi de 47% par rapport à l'an dernier pour atteindre 1,67 milliard US au quatrième trimestre; il s'agit du plus profitable de l'histoire de l'entreprise. Le bénéfice par action atteint 1,82$US, beaucoup plus que les 1,42$US attendus par les analystes.

Mais le plus important aux yeux de Vincent Delisle, stratège boursier chez Capitaux Scotia, c'est que ces profits n'ont pas été atteints en sabrant les coûts. Les ventes sont au rendez-vous, et pas qu'un peu: elles ont grimpé de 25% au cours du trimestre.

La marge brute d'Apple s'est aussi améliorée, passant de 34,7% l'an dernier à 36,6% cette année.

«Ils ont défoncé les portes», dit Iain Grant, analyste en télécommunications au Seaboard Group, qui avait tablé sur des résultats spectaculaires... mais pas à ce point.

Deux heures après la fermeture des marchés, hier, le titre d'Apple avait progressé de 6,37% et frôlait les 202$US dans les échanges hors-cote.

Signaux réconfortants

Gabriel Lancry, de chez Scotia McLeod, avait les yeux rivés sur les ventes de iPhone, un produit de luxe qu'il n'est pas si facile d'écouler en période de ralentissement économique.

Or, loin de décliner, ces ventes ont augmenté de 7% par rapport à l'an dernier.

«On parle de dépenses discrétionnaires, pas de dépenses de base, a rappelé M. Lancry. Ça montre que les consommateurs ont encore de l'argent dans leur poche.»

«Apple a beau être une entreprise bien gérée, elle demeure dépendante des dépenses des consommateurs», renchérit M. Grant, qui se réjouit aussi de la voir répondre à l'appel.

Le plus spectaculaire provient cependant des ventes de Mac. Apple a vendu 3,05 millions de ces ordinateurs au cours du trimestre, une hausse de 17%.

Seule ombre au tableau: Apple n'a vendu que 7,4 millions de ses lecteurs musicaux iPod au cours du trimestre, soit 8% de moins qu'un an auparavant.

«Pas très surprenant, commente Iain Grant, du Seaboard Group. Tout le monde qui est intéressé par le iPod en possède déjà deux!»

L'analyste souligne que le prochain trimestre à venir est celui de Noël, du bonbon pour une entreprise comme Apple. Et justement, hier, une étude de la Consumer Electronic Association prévoyait que les ventes d'électronique de la saison des Fêtes s'annoncent moins mauvaises que l'an dernier.

«Bref, la situation se présente bien pour Apple. Et dans une économie sombre, ça fait encore plus de bien de voir une lumière vive», dit M. Grant.

Pour le stratège boursier Vincent Delisle, les bonnes nouvelles dévoilées hier par Apple sont significatives. «Les résultats d'Apple sont toujours un double signal - un deux pour un», lance-t-il.

Parce qu'en plus d'être un baromètre de la consommation personnelle, Apple donne aussi des signaux sur la santé des entreprises. Pourquoi? Parce que le géant californien leur vend des ordinateurs et des systèmes d'exploitation.

«Le segment technologique donne toujours un bon son de cloche sur les investissements des entreprises», dit M. Delisle.

Apple n'est pas un baromètre aussi précis qu'Intel, dont les microprocesseurs se retrouvent dans pratiquement tous les ordinateurs de la planète. Reste que les ventes de Mac montrent que certains investissent dans la technologie... et s'en serviront probablement pour créer autre chose. Apple conclut son année financière avec une hausse de ses ventes de 12,5% et une hausse des profits de 18%.

Texas Instrument, autre entreprise techno, a dévoilé des profits en baisse de 4,4%, hier, des résultats quand même moins mauvais que ceux prévus par les analystes.

 

PROFITS

1,67 milliard US "47%

VENTES

9,87 milliards "25%

VALEUR DU TITRE APRÈS LA FERMETURE DES MARCHÉS

201,95 $US "6,37%