Au Canada, le recul du dollar américain et la remontée correspondante du huard ont de quoi réjouir les importateurs ainsi que les voyageurs au sud de la frontière.

Hormis les frais de conversion, le pouvoir d'achat des dollars canadiens aux États-Unis s'est amélioré de 15% depuis janvier dernier. Et c'est sans compter les baisses de prix pour de nombreux biens et services qui découlent de la pire récession en un demi-siècle pour l'économie américaine.

 

Mais si la faiblesse du dollar américain - qui est encore la monnaie de référence pour les matières premières - gonfle les prix affichés pour le baril de pétrole et l'once d'or, elle contribue aussi à tempérer l'impact réel de ces hausses de prix au Canada.

Ainsi, autour de 74$US le baril, le prix du pétrole s'affiche ces jours-ci en hausse de 76% par rapport à son cours moyen de janvier 2009, alors à 42$US.

Mais lorsqu'on la considère en dollars canadiens, la hausse du prix du pétrole brut s'avère en fait limitée à 50% depuis janvier 2009.

C'est là un avantage concret d'un dollar canadien relativement fort par rapport à un dollar américain malmené sur le marché de devises.

En contrepartie, pour des producteurs canadiens de biens et services vendus en dollars américains, la faiblesse du billet vert peut s'avérer grave de conséquences financières sur leurs revenus réels.

Un cas type: la société AbitibiBowater, première productrice de papier journal en Amérique du Nord, qui est en protection de faillite depuis avril et dont dépendent des milliers d'emplois directs et indirects au Québec.

La grave crise du marché du papier journal a fait fléchir de 37% son prix en dollars américains depuis janvier 2009.

Or, la faiblesse accentuée de la devise américaine depuis quelques jours aggrave à 47% la baisse de revenus en dollars canadiens pour AbitibiBowater, qui lui servent à payer les frais d'exploitation de ses usines au Québec et en Ontario.

Même dilemme pour les producteurs et exportateurs de bois d'oeuvre, dont AbitibiBowater fait aussi partie. Coté en dollar américain, le prix du prix d'oeuvre s'est relevé de 9% depuis janvier dernier.

C'est la conséquence de la relative stabilisation de la construction résidentielle aux États-Unis, après la grave déroute qui a succédé à la bulle hypothécaire qui a éclaté à la fin de 2007.

Le sciage souffre

Pourtant, malgré cette apparence d'un marché moins défavorable, la glissade du dollar américain signifie pour les usines de sciage au Québec que leurs revenus en dollars canadiens sont encore en baisse de 7% par rapport à janvier dernier.

Dans ce contexte, il n'est pas étonnant que les nombreuses usines de bois d'oeuvre fermées depuis deux ans ne rouvriront pas malgré le redressement des prix amorcé aux États-Unis, de loin leur principal marché d'exportation.